R. Missing - Unsummering EP

Sorti de manière confidentielle en mars dernier, l’EP Unsummering bénéficie d’une occasion de séduire un public plus large avec une réédition proposée par l’insatiable dénicheur de talents que constitue le label Talitres.

1. Unsummering
2. Kelly Was a Philistine Voir la vidéo R. Missing - Kelly Was a Philistine
3. Deeper Holes
4. Birthright
5. Mostly Back
6. Mouser

date de sortie : 20-10-2017 Label : Talitres

Fruit de la collaboration de Sharon Shy et Tobby, le projet R. Missing est né sur les cendres du The Ropes, pseudonyme sous lequel, entre 2005 et 2013, les New-Yorkais avaient eu le temps d’user leurs guêtres sur les scènes américaines et même britanniques.

Pour autant, le marché de l’industrie musicale est bouché, et il a fallu la curiosité de Sean Bouchard et son équipe pour offrir à Unsummering l’audience qu’il mérite. Après le lyrisme dévastateur de Flotation Toy Warning, le minimalisme de Will Samson ou les renversantes folk songs dépouillées de Raoul Vignal, l’année est décidément faste pour le label girondin, mais il manquait probablement une sortie dans une veine plus rythmée.

C’est désormais le cas avec cet EP de R. Missing qui, s’il fallait le comparer à un autre pensionnaire de l’écurie Talitres, pourrait se rapprocher de Motorama. Il est ici aussi question de boucles de guitares et basses hantées par une voix si authentique qu’elle évolue dans à peu près tous les registres à l’exception de celui qui la contraindrait à tenter de séduire l’auditeur.

L’EP débute avec Unsummering et son electro-pop planante à la Chromatics atténuée par la voix désabusée de Sharon Shy avant que le décor ne s’assombrisse sur Kelly Was A Philistine où les boucles électroniques se drapent dans celles distordues de la six cordes pour former une darkwave ambitieuse et caverneuse. Les claviers saturés qui font irruption aux deux tiers du titre pourraient receler une teinte excessivement rétro s’ils étaient utilisés sous un autre apparat, mais rien ne sonne cheap avec R. Missing. Pourtant, à partir d’un matériel réduit et d’influences parfois puisées dans les années 80, verser dans une candeur vintage constituait un vrai risque théorique que la pratique ne vient jamais tutoyer.


R. Missing oscille en permanence entre dream pop et coldwave sans pour autant procéder à de grands écarts. En effet, la teinte sonore reste la même au cours des six morceaux de l’EP, et celle-ci revêt un caractère Lynchien assez incontestable. Ainsi, sur l’un des sommets que constitue Birthright, les synthétiseurs scintillants accompagnent avec parcimonie une voix vaporeuse et des boucles qui, plus encore que les percussions, assurent un débit entraînant au titre.

Entre Camp Claude pour cette aptitude à développer des missives rêveuses laissant apparaître une part ténébreuse et Chelsea Wolfe - en plus électronique - pour l’aspect captivant et oppressant de ces boucles dominées par une voix rugueuse, Unsummering est aussi concis que percutant, aussi vaporeux qu’abrasif, et sa capacité à maintenir une linéarité permanente autour de ces paradoxes ne le rend que plus captivant.

Chroniques - 20.10.2017 par Elnorton
 


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