A peine vient-on de vous vanter l’électro post-indus lancinante et cauchemardée de son excellent Light Sleep du printemps dernier que la Japonaise Hiromi Moritani, déjà 35 ans de carrière à son actif dans une avant-garde radicale et droguée, revient sur le même label Mesh-Key avec un chef-d’œuvre tout aussi hypnotique et malaisant mais nettement moins rythmique cette fois car entièrement dédié aux voix.

Tout en chœurs de purgatoire empilés en couches de drones vocaux jusqu’au vertige (Cloudy Day), parfois gutturaux, analogiquement modifiés et entrecoupés de scansions abstraites (Just A Familiar Face), aux vocalises tantôt entremêlées en une cacophonie feutrée de borborygmes tourmentés d’où s’extraient des psalmodies désincarnées évoquant les annonces des transports en commun et autres messages publicitaires urbains, ou carrément a cappella telles les incantations pernicieuses de quelque liturgie aux intentions douteuses (Scat), Voice Hardcore verse donc dans une ambient assez austère et souvent angoissante, volontiers fantomatique et entêtante comme sur Sonic Morning avec ses allures de Ligeti de la cave aux tortures.

Un album ardu mais particulièrement magnétique et ensorcelant qui culmine sur la chorale d’âmes damnées de White Lounge, So Bright, irrésistible appel de l’au-delà dont les chants de sirènes aux visages spectraux vous happeront comme un vortex de lumière noire jusqu’à la fatale combustion spontanée.