Si l’on avait un peu perdu de vue Dylan McConnell depuis 2019 et l’excellent Give Me Room Under the Fire of the Sun, ça coïncidait heureusement avec une période de moindre activité à laquelle le patron de Field Hymlns, également apprécié dans nos pages pour son projet Oxykitten, met fin ces jours-ci de la plus belle des manières en lâchant non seulement un nouvel opus de l’alias sus-nommé (en multipliant toujours les faux noms pour brouiller les pistes, sous l’identité par exemple de Justin Case pour Oxykitten), mais aussi et surtout par le biais de cet hommage étrangement épuré au classique surréaliste et mystique de Jodorowsky pour le grand écran, "La montagne sacrée" (en espagnol approximatif dans le texte, le titre original du film étant "La montaña sagrada").

On aurait pu imaginer davantage de folie pour transposer en musique le symbolisme foisonnant du cinéaste, romancier et auteur de BDs franco-chilien, mais l’Américain relègue aux titres des morceaux cette part d’ésotérisme aux mystérieuses métaphores poétiques, ne gardant finalement que l’atmosphère transcendantale et la poésie justement au gré de morceaux très ambient tout en synthés vintage, beaucoup plus sobres et méditatifs qu’à l’accoutumée et surtout absolument envoûtants. Beaucoup moins connoté underground électro rétro-futuriste des années 80 que pas pas mal d’autres sorties d’Adderall Canyonly (c’est donc Oxykitten qui hérite pleinement de cette nostalgie sur le joliment régressif et insouciant We Are The Echo Of The Future, à l’exception ici du court final We Come Down the Mountain, Fewer, But Massive renouant avec des arpeggiators plus dynamiques et surannés), l’album plane plutôt dans les sphères du revival kosmische le plus onirique et délicat, mâtiné parfois de beats downtempo (The Feast is Armed and Present) pour évoquer pourquoi pas x.y.r. ou Emeralds mais avec quelques incursions plus abrasives à l’image du dronesque Eyes Aflame, In Ecstasy, Flesh is Stripped, Shorn & Blasted into the Atoms of Tomorrow’s Children.