The Arkanist, c’est la nouvelle incarnation de ƘɸƴԼ, beatmaker d’inspiration cinématographique souvent croisé du côté du label Dezordr, et que l’on avait découvert sur scène il y a quelques années aux manettes du duo Dys entre électro mystique, indus et trip-hop. Après une dizaine de morceaux lâchés l’an dernier, certains par le biais de beat tapes ou de compilations, le Lillois nous offrait juste avant l’été ce premier EP plutôt généreux, accompagné pour les remixeurs et producteurs d’une collection de plus de 200 samples issus des sessions d’enregistrement, pour majeure partie inédits et libres d’utilisation... des échantillons sonores particulièrement organiques, à l’image de ce prometteur Our Own Eclipses.

On retrouve en effet sur cette première sortie du projet le goût du musicien pour les atmosphères crépusculaires et rampantes, à la croisée du hip-hop instrumental voire du trip-hop (The invisible war) et d’une musique électronique aérienne et syncopée (Time is a circle), avec une attention toute particulière aux textures et une dimension onirique accentuée par les bribes récurrentes de voix en échos ou même de choeurs lyriques perdus dans le lointain comme sur Ancient future, aux irrésistibles sonorités orientales. Le glitch-hop n’est jamais loin non plus, des morceaux tels que Mirrors & windows ou Our own eclipses ravivant le souvenir de formations telles que Depth Affect et Two Left Ears ou même, pour cette dimension plus insidieuse et hantée, de leurs précurseurs Abstrackt Keal Agram dont les premiers albums furent le déclencheurs de nombreuses vocations dans l’underground abstract hip-hop français.

Une très belle réussite jusque dans ses incursions plus minimalistes (We are the technology, What is not yet but what could be), qui viennent clore le disque sur une touche claire-obscure plus épurée témoignant d’une volonté de cheminer vers le bout du tunnel, celui probablement de notre époque d’incertitudes et de chaos.