Jute Gyte - Eclose
1. Bucchero
2. Patinir
3. Diobsud
4. Aplu
5. Passing the River Alphabet
6. Palus Caprae RNA
7. From Its Side
8. Boustrophedon
9. Third Surface
10. Littoral Series
Sortie le : 5 mai 2023
Série plutôt surprenante de la part de Kalmbach cette année puisque pour un disque cultivant le black metal chaotique et vicié qu’on lui connaît (le tout récent Unus Mundus Patet, un chouïa moins expérimental dans le genre que Perdurance ou Birefringence quoique par moments très ambient et d’une manière générale tout aussi intense et déglingué), ce sont deux albums tout à fait aux antipodes que nous proposait l’Américain ces derniers mois : d’un côté, avec Krun Macula, une collection d’instrus ambient longue en bouche, sorte de pendant aérien, voire "lumineux", à l’ésotérisme cauchemardé du lynchien Penetralia, et de l’autre, donc, les étranges incursions électroniques d’Eclose.
Si les influences de John Carpenter (Bucchero) ou même de Boards of Canada sur le syncopé Aplu aux nappes gondolées par le temps, ne sont pas forcément pour nous étonner (après tout, même sur le sus-nommé Unus Mundus Patet au black metal presque "canal historique", l’interlude Sema par exemple déroule sur 4 minutes des limbes similaires), on est surtout surpris par la dimension beaucoup plus rythmique que sur les précédentes expérimentations atmosphériques du musicien, avec des beats particulièrement atypiques et autres percussions aux boucles répétitives et hypnotiques, à l’image du très organique Patinir, de l’évanescent Diobsud ou d’un Boustrophedon presque dub-ambient.
Ceci dit on se refait pas, et une certaine dimension caverneuse reprend vite le dessus sur Passing the River Alphabet avec sa drôle d’ambient-techno en essaim d’abeilles, un Palus Caprae RNA métamorphe et hanté, ou encore From Its Side avec ses échos déstructurés de tambours métalliques corrodés par des textures post-industrielles, jusqu’à ce que la dynamique finisse par s’éroder sur le diptyque Third Surface/Littoral Series, no man’s land ambient qui aurait fait une parfaite bande-son d’installation glauque dans une galerie d’art contemporain.
Un album aussi intrigant, en somme, que ce projet qui n’a visiblement pas fini de nous perdre dans les méandres de ses explorations soniques.
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