Four Tet ne suscite sans doute plus le même intérêt auprès des amateurs de musiques électroniques qu’à ses débuts, c’est évident. La faute à quelques productions grandiloquentes et dénuées de ce supplément d’âme indispensable entre le milieu des années 2000 et celui de la décennie suivante.

Toutefois, force est de constater que Kieran Hebden s’est depuis repris, et Morning / Evening marquait déjà, en 2015, un retour vers des sonorités plus profondes avant que Sixteen Oceans n’officialise le retour en forme du Londonien en 2020.

Three est du même calibre que son prédécesseur. L’auditeur y entendra des beats à l’efficacité redoutable, mais également une belle panoplie de mélodies et d’effets, puisque l’on retrouve aussi bien des odes electronica rappelant le Caribou de la belle époque (Storm Crystals) qu’un savoureux downtempo (Loved, So Blue), sans oublier les répétitions en basse fréquence chères à Four Tet (31 Bloom) et les ovniesques Daydream Repeat, premier single, et Three Dreams, morceau final, dont les compositions à tiroirs et les rythmiques explorent tant de directions qu’il serait vain de les résumer.

Au final, s’agit-il d’un album renversant ? Non, car il contient son lot de passages plus faibles (Gliding Through Everything dès le deuxième titre), et qu’il ne renouvelle pas le genre. Cependant, il est inutile de chercher à comparer les productions actuelles de Four Tet à Pause, Dialogue ou Rounds. Plus de vingt ans se sont écoulés, et l’effet de surprise est passé. Néanmoins, Four Tet est revenu d’entre les morts, et c’est déjà une excellente nouvelle ! Savourons donc ce disque agréable, et parfois même un peu plus que cela.