Hommage avoué aux BO italiennes des 60’s, le concept album de Danger Mouse et Daniele Luppi aura su longtemps conserver son mystère, mis en chantier en 2005 pour finalement se révéler en fin d’année dernière.

Enregistré dans une ancienne église qu’utilisait Morricone en personne, avec ses instrumentistes de l’époque pour la plupart septuagénaires et le fameux chœur masculin Cantori Moderni d’Alessandro Alessandroni popularisé par la BO du chef-d’œuvre de Leone, Le Bon, la Brute et le Truand, l’album se joue du continuum espace-temps pour tenter de nous faire revivre l’ère de ces crossovers panoramiques entre pop et musique de cinéma, dans une veine moins osée mais nettement plus classieuse que le Mondo Cane de Mike Patton.

Ainsi dès l’intro aux cordes fugaces sur batterie martiale qu’on jurerait sortie tout droit d’une imitation d’ Il était une fois dans l’Ouest par Luis Bacalov, l’illusion est là à défaut du génie et d’autant plus quand surgit la voix d’Edda Dell’Orso, égérie de Morricone ou Bruno Nicolai depuis le début des 60’s dont le trémolo dramatique semble se jouer du poids des années. La suite toutefois doit autant à Gainsbourg qu’aux compositeurs de l’âge d’or de Cinecittà, usant sans modération des basses rondes, chœurs lyriques et autres arrangements baroques au fil des instrumentaux en cinémascope marqués par le spleen nostalgique de Piero Umiliani et des ballades romantiques interprétées chacun de leur côté par les misfits Norah Jones et Jack White parfaitement à leur aise dans cette ode solaire et solitaire aux fantômes du passé, à découvrir via NPR en attendant la sortie de l’album le 16 mai.