Danger Mouse chaperonne les vacances romaines de Jack White et Norah Jones

Les fans hardcore de Gnarls Barkley ou des BO de western spaghetti connaissent peut-être l’origine du fameux sample de Crazy, soit ce score de Gianfranco Reverberi pour Django, prépare ton cercueil, l’une des innombrables fausses suites du cultissime Django de Sergio Corbucci - début du morceau en question à 2’23 et désolé pour le spoiler :

Ce qu’on sait moins par contre, c’est l’association du duo américain pour son premier opus St. Elsewhere (2006) avec un certain Daniele Luppi aux claviers et aux arrangements, compositeur de bandes originales connu pour être un fin connaisseur de l’histoire cachée de la pop et des BO italiennes des 60’s à nos jours (cf. notamment ceci) que Danger Mouse allait retrouver par la suite en arrangeur de cordes et chef d’orchestre sur The Odd Couple (2008) puis avec Broken Bells et Dark Night Of The Soul (on notera également sa participation cette année à la production du Mondo Cane de Mike Patton).

C’est donc logiquement en la compagnie du jeune italien que le producteur du prochain U2 ( Song Of Ascent ... eh oui) s’est rendu à Rome, dans une ancienne église utilisée entre autres par Ennio Morricone, pour mettre en musique son projet du même nom, un album concept majoritairement instrumental en hommage aux westerns italiens et autres bandes originales de l’époque dont les rôles principaux seront tenus par Jack White et Norah Jones - entre nous et à défaut d’en savoir davantage, c’est vrai qu’on les verrait bien en hors-la-loi et en entraîneuse de saloon ces deux-là.

Né de la passion de Brian Burton pour les grands compositeurs italiens aux noms plus obscurs - tels que le génial Piero Umiliani (pionnier à ses heures de la musique électronique "grand public" plus célèbre malheureusement pour sa charmante veine easy-listening dont ce fameux thème maintes fois recyclé que pour cette merveille-ci ou encore celle-là), Bruno Nicolai habitué des séries Z devenues cultes du transgressif Jess Franco, Piero Piccioni plus connu pour ses collaborations avec le réalisateur engagé Francesco Rosi dans les années 60 et 70, ou encore l’argentin Luis Enriquez Bacalov encore très actif aujourd’hui (cf. notamment le beau Assassination Tango de Robert Duvall), révélé à l’époque par le score du premier Django justement avant d’être récemment popularisé par une reprise du thème très morriconien du Grand Duel sur la BO de Kill Bill - Rome a semble-t-il permis à Jack White de s’écarter quelque peu de son registre habituel. "Je lui ai joué une partie de la musique en tournée (...), il a essayé différents types de voix, haute, basse, et finalement j’ai pensé, pourquoi ne pas toutes les garder ?", confesse le producteur. "On peut l’entendre chanter sur un morceau intitulé Rose With The Broken Neck, et parfois vous vous demandez, est-ce que c’est vraiment Jack White ?"

Et en attendant de retrouver tout ce joli monde en début d’année prochaine si tout va bien, on se quitte justement avec le leader de The Dead Weather qui vient de produire pour son label Third Man Records deux reprises interprétées par Laura Marling : l’une de Neil Young, The Needle And The Damage Done extrait de Harvest (1972), et l’autre de l’indépassable Jackson C. Frank, Blues Run The Game issu de son album éponyme de 1965 :

Laura Marling, ’The Needle And The Damage Done’ by Tim Chester NME

Laura Marling, ’Blues Run The Game’ by Tim Chester NME

News - 11.11.2010 par RabbitInYourHeadlights
 



Hommage avoué aux BO italiennes des 60’s, le concept album de Danger Mouse et Daniele Luppi aura su longtemps conserver son mystère, mis en chantier en 2005 pour finalement se révéler en fin d’année dernière.