Le plus souvent frontale, en apparence limpide et pourtant alambiquée à souhait avec ses mélodies tortueuses aux ruptures incongrues, ses polyrythmies parfois volontairement bancales (cf. l’étrangement envoûtant A Sharper Image), ses harmonies baroques et ses imprévisibles montées de sève, la pop de Face Of Man se joue des limites du bon goût en optant parfois pour un chant légèrement vocodé aux accents romantiques proches du r’n’b, au point de voir Alex Silva, multi-instrumentiste et songwriter en chef de ce trio originaire de Brooklyn, citer parmi ses influences un certain... R. Kelly ?

Néanmoins on vous rassure tout de suite car c’est bien de Deerhoof ou des débuts de Field Music que l’on rapprochera le plus volontiers ces échappées faussement minimalistes et en vérité assez foisonnantes, capables d’allier la rigueur rythmique du post-punk et la spontanéité du jazz, quelque part entre les jams sinueux de Tortoise et la sophistication ludique de Stereolab. Un premier album éponyme d’autant plus propice aux écoutes en boucle de par sa petite demi-heure, c’est certes court mais pratiquement donné sur CD Baby voire carrément offert via Bandcamp le temps de se faire une idée :