Quand la tête pensante de Sunset s’enferme dans un garage avec une guitare électrique, une batterie en ruine, de vieux amplis, quelques potes fêlés de la cafetière et une bonne dose de produits psychotropes pour raconter ses déboires avec l’industrie du disque, les 60’s et les 90’s s’interpénètrent sous le regard concupiscent d’un blues pressé de passer à la casserole.

Une poignée d’extraits nous avaient déjà mis la puce à l’oreille à l’automne dernier, pas question d’espérer renouer ici avec le foisonnement instrumental et les atmosphères oniriques de la formation culte du songwriter texan, et encore moins avec les abstractions ambient ou la nostalgie boisée qu’on lui connaissant en solo : à choisir, Career donne plutôt dans le psychédélisme saturé, le blues névrosé, le punk garage incandescent et le groove lo-fi un peu crade au chant abondamment filtré du Beck des débuts ou des grandes heures de Jon Spencer.

Mais comme on ne se refait jamais tout à fait, le facétieux Bill Baird ne manque pas de parsemer ses mélodies déglinguées de visions d’un futur où rien ne marche droit, des voix électroniques toquées de Robot Dan aux boucles de claviers cosmiques de l’inénarrable single Your Dark Sunglasses Won’t Make You Lou Reed, transformant même au détour d’un interlude improvisé les vocalises d’une chorale d’amis en drone mystique digne de la séance de méditation transcendantale d’une secte d’illuminés. Fun et fou, mais quand-même pas très net tout ça.