A neuf jours de sa sortie, le premier véritable album de Death Grips dévoilé au fil des dernières semaines à coups de vidéos bricolées sous Photoshop et d’extraits en libre téléchargement déchaîne déjà les passions. Et le pire, c’est que ça va sans doute continuer un moment alors autant nous désolidariser d’emblée de ce pétard mouillé aux allures de ratage en règle.

Remarqué l’an dernier pour l’urgence punk-rap, la violence sourde et la glauquitude malaisante de son inégale mais puissante mixtape Exmilitary, le projet du MC Stefan Burnett co-produit par le claviériste Andy Morin et surtout Zach Hill aux fûts a tôt fait de s’effondrer sur The Money Store, machine a fric qui porte bien son nom derrière l’ironie de façade. Premier mauvais point, un Zach Hill transparent dont le cachet indé auquel le groupe devait le plus gros de sa crédibilité auprès des amateurs de math/noise sauvage part en écran de fumée au fil des morceaux.

Mais surtout, pour un Lost Boys véritablement méchant et décadent, un System Blower agressif et déliquescent ou ne serait-ce que l’efficacité mitraillée d’un Get Got, combien de dérives vaguement arty aux effets douteux (The Fever, Blackjack), d’hymnes bling-bling mal produits à la limite du booty rap (Hustle Bones, Bitch Please), de parodies ghettotech putassières (Double Helix, Hacker), de mashups ethniques informes (Punk Weight, Fuck That) et autres crachats lo-fi poussifs au possible (The Cage ou pire, I’ve Seen Footage, "best new music" dixit Pshitfroc... huh ?), allez donc en jugez par vous-mêmes une bonne fois qu’on puisse balayer vite fait cette bouillie sous le tapis :

Autant dire qu’on attendait bien mieux et surtout autre chose du trio de Sacramento, qui aura fort à faire pour rectifier le tir avec No Love, prochain album prévu à l’automne toujours chez Epic. Mais d’ici là, se souviendra-t-on encore seulement de Death Grips ?