Lauren Hoffman avait connu un beau succès d’estime en 1997 en France avec son album "Meggido". Après une tournée en Europe, elle présenta ses nouvelles compositions à sa maison de disques (Virgin) qui refusa de produire le disque et rompit le contrat, sous prétexte qu’il n’y avait (toujours la même rengaine) "pas de single potentiel ni de titre assez commercial dessus". En fait, Lauren étant très jeune à la sortie de "Meggido" (19 ans), on peut penser que la major aurait été interessée de la formater pour en faire un artiste mainstream. Mais il faut dire aussi que l’artiste avait profité de la vague "jeunes chanteuses US folk-rock" en vogue à ce moment-là.

Il faudra donc 3 ans à Lauren pour écrire et produire toute seule la suite de "Meggido". Celle-ci sortira donc en 2000 chez PIAS. Son succès, à l’instar d’autres groupes US comme les Walkabouts, sera exclusivement européen, malgré le côté résolument américain et folk de sa musique.

Mais que trouve-t-on sur cet album ? A peu près la même recette que sur le premier, ce qui n’est pas sans déplaire. Les textes sonnent toujours juste, la plupart des chansons se retrouvent dépouillées à l’extrême (à l’instar du trio guitare-contrebasse-batterie qui ouvre l’album avec "Heavy Scene") vacillant entre climats joyeux ("Dust off your dreams", "Sugarpie" résolument hillbilly) et inquiétants ("Rare New Disease"). Quelques fantaisies comme l’orgue sur "Sister" viennent varier l’ensemble, beau, calme et homogène. Les paroles sont souvent relativement directes et peuvent contenir une violence étouffée, le chant est juste et poignant comme sur "Song for a boy", la plus belle - et peut-être unique - chanson écrite sur la mort de Jeff Buckley, ami intime de Lauren, avec des paroles aussi justes, directes et limite choquantes de réalisme.

Ceux qui connaissent déjà le premier album ne se poseront pas de questions, pour eux Lauren est rentrée au panthéon des jeunes chanteuses US à caractère à suivre de près, entre une Carina Round rock et une Tara Jane O’Neil plus apaisée, entre une Rachael Yamagata aux accents un peu jazzy et une Kristin Hersh folk.

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