Deux ans après Bird, Lake, Objects, on retrouvait cet été le vibraphone tatonnant du trop rare Masayoshi Fujita du côté de Home Normal, l’écurie anglo-japonaise de Ian Hawgood (dont le sous-label Nomadic Kids Republic n’en finit plus de nous captiver cette année avec les sorties toutes plus remarquables les unes que les autres de Pillowdiver, The Green Kingdom, Giulio Aldinucci ou encore Pleq & Hakobune). Pas de Jan Jelinek mais c’est à un autre Berlinois du nom de Simon Harris, également adepte du micro-glitch et des oscillations ultra-soniques que s’était associée la tête pensante du projet dub/jazz El Fog (deux albums en 2007 et 2009) pour ces 28 minutes erratiques, recomposées à partir des résultats d’un week-end de sessions improvisées en 2008 à l’espace multimédia Ausland de la capitale allemande.

Bénéficiant par intermittence des inquiétantes percussions morriconiennes de Jan Thoben (Gaston ; Kinn) ou de la contrebasse sourde et volontiers menaçante de son compère au sein de Taunus, le jazzman canadien Derek Shirley (Vladislav Delay Quartet ; Mars Expedition Komplex), ces huit instrumentaux aussi abstraits que leurs intitulés numéraires pouvaient le laisser supposer impressionnent surtout par leur capacité à s’approprier l’espace à tous les degrés de fréquence, d’intensité et de durée (d’où la référence du titre au tesseract géométrique). Drones lancinants, vibrations fugaces, interférences bancales, stridences réverbérées, martèlements sournois ou échos cristallins sont ainsi restitués avec une rare attention aux détails par l’ingé son Kassian Troyer, discret ici à la guitare autant qu’au mastéring qui lui incombait déjà du temps de Bird, Lake, Objects.

Deux mois après sa sortie, l’album (EP ?) n’est pas encore sold out, fait suffisamment rare pour être signalé quand on touche à ce genre de label suivi les yeux fermés ou presque dans toutes ses propositions par une fanbase éclairée. Avis donc aux amateurs d’expérimentations singulières à la croisée de l’ambient, du free jazz et de l’acousmatique, qui pourront même passer par Deezer pour se faire une idée - non que l’on sache vraiment d’ailleurs comment un tel OVNI a bien pu se retrouver là.