Génie discret d’un drone majestueux érodé par les vagues du temps, Rafael Anton Irisarri fait son retour trois ans après l’acclamé The North Bend dans le giron du label australien Room40 avec le disque le plus austère et fascinant de sa discographie, ode à la tragique déliquescence d’un écosystème malmené par la main de l’homme et sacrifié par la nature elle-même.

Après avoir flirté avec l’ambient-techno (l’excellent It All Falls Apart du side-project The Sight Below), le modern classical (l’EP Reverie et sa fameuse reprise du Für Alina d’Arvo Pärt) ou dernièrement la chamber pop électro-acoustique le temps de l’éponyme d’Orcas en collaboration avec Benoit Pioulard, l’Américain revient ici à ses premières amours pour les abstractions texturées en constante mutation. Évoquant le désastre écologique de la Salton Sea, lac sinistré en plein désert californien né d’une tentative manquée de détournement des eaux du fleuve Colorado à l’aube du XXème siècle, The Unintentional Sea déploie ses nappes élégiaques sur un ballet d’infimes crépitements organiques, poésie d’un cimetière de sel déserté par la vie culminant à ses deux extrémités sur les basses fréquences de désolation du doomesque Fear And Trembling et l’amertume impressionniste du piano de Daybreak Comes Soon :