Le streaming du jour #1157 : William Ryan Fritch - ’Heavy EP’
Précédé jusqu’ici d’une discographie particulièrement impressionnante, des sorties Skyrider avec ou sans Sole (et à l’exception du décevant Hello Cruel World) aux trois merveilles signées Vieo Abiungo en passant par Hired Hand et surtout le sublime soundtrack du documentaire The Waiting Room, William Ryan Fritch nous aura quelque peu décontenancés cette année. Entre l’emphatique Emptied Animal au chant ouvertement influencé par DM Stith (via son projet psyché/baroque The Revival Hour), et un Leave Me Like You Found Me aux sentiments trop appuyés pour vraiment faire honneur au lyrisme enivrant et à l’intensité crépusculaire des chefs-d’œuvre solo précédemment cités, on craignait que le Californien, tête de gondole de l’admirable écurie Lost Tribe Sound, n’ait choisi de céder à l’appel de la légèreté, ce que démentit heureusement ce nouvel EP au titre explicite.
Sans savoir encore ce qu’il en sera du successeur Empty, dont la pochette laisse entrevoir une possible complémentarité avec le format court qui nous occupe ici, Heavy s’anime en effet dès les premiers instants d’un souffle saisissant qui doit autant aux orchestrations élégiaques de The Waiting Room (violons et vents s’embrasant de concert) qu’aux soubassements ethniques de Vieo Abiungo. On retrouve ainsi ces rythmiques organiques faites de bric et de broc qui claquent et résonnent dans l’air ambiant, ponctuant de coups de fouet martiaux les déferlantes d’émotions primitives chauffées au fer rouge pour la toute première fois par les gonflements saturés des guitares électriques, nouvelles venues dans l’univers du multi-instrumentiste d’Oakland. Emptied Animal a beau avoir laissé des traces dans les chœurs de Poisonous, cette fois-ci le maximalisme n’est plus synonyme de trop-plein, et même à fleur de peau les sentiments ne s’embarrassent d’aucune facilité, douce mélancolie de la harpe, fièvre capiteuse des violons et violence contenue des percussions balayant nos dernières défenses par leurs chassés-croisés ambivalents.
Également disponible dans le cadre d’une souscription permettant de recevoir dix albums au format physique, parmi lesquels la courte mais superbe BO de The Old Believers dont on peut entendre quelques extraits ici et que le patron du label, Ryan Keane, voit comme une parfaite bande-son alternative à Game of Thrones (bien qu’il s’agisse en vérité de celle d’un docu à venir sur une communauté de chrétiens orthodoxes russes tentant de préserver en Amérique leurs croyances ancestrales et leur mode de vie anachronique), Heavy s’impose donc comme un nouveau sommet d’humanisme en clair-obscur, une réussite qui laisse augurer du meilleur pour le nouvel opus de Death Blues dont William Ryan Fritch partagera l’affiche le mois prochain avec l’excellent Jon Mueller, batteur de Pele, Collections of Colonies of Bees et Volcano Choir.
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