A entamer cet album sur la country uptempo de Queen Of My Heart, on serait en droit de se demander ce que cet Hired Hand peut bien fabriquer sur le label Fake Four. Un questionnement qui a néanmoins tôt fait de tourner court lorsque viennent à s’en mêler la basse presque dub et le violon lancinant de William Ryan Fritch sur l’intense Cold Wind, la production nébuleuse de Bud Berning sur le douloureux Love Thirsty ou la batterie rampante de Paul Wagner sur fond des chœurs de succubes de l’habité Armageddon. Country à papa sûrement pas, western fantasmagorique ça y est on tient l’idée, sans doute la même qui traversa l’esprit du folkman Jim Wurster au moment de confier la mise en musique de ce nouveau projet à ses compatriotes floridiens de Skyrider.

Skyrider qui a l’époque où Bud Berning était seul aux commandes dut rien de moins que sa survie au songwriter, qui tira semble-t-il le producteur de l’épave de sa voiture après l’accident qui le laissa dix jours dans le coma puis plusieurs mois paralysé en 2002. Forcément ça laisse des traces, et deux ans plus tard ce même Berning encourageait son ami à tirer sa guitare du clou pour co-signer l’entêtant Masters Of Deception, unique véritable chanson du premier opus de Skyrider, 47:34, qui allait dans la foulée le faire remarquer de Sole avec lequel le groupe nouvellement constitué signerait ensuite trois albums, chez Anticon puis Fake Four.

Hantée (Dark Skies), doucement psychédélique (l’épique For Changes Forever de plus de 7 minutes) ou simplement poignante (There’s A Reward), la suite sera du même acabit, permettant à Skyrider de renouer avec une instrumentation plus traditionnelle malgré la présence d’overdubs dissonants (Rising River) ou de claviers discrets (Suicide Soliloquy), on ne se refait pas aussi facilement et c’est tant mieux puisque c’est ce qui permet finalement à Hired Hand de tirer son épingle du jeu dans la profusion actuelle de songwiters alt-country :