Le streaming du jour #1159 : Blonde Redhead - ’Barragán’ & Interpol - ’El Pintor’

Avait-on raison d’attendre beaucoup, ou plus rien, des voisins new-yorkais Blonde Redhead et Interpol ? Début de réponse du côté de NPR qui dévoile en exclu ces deux poids lourds indé de la rentrée dont les derniers chefs-d’œuvre en date ont 10 ans cette année.


- Énormément, et pourtant... : Blonde Redhead - Barragán

Qu’on soit client de leurs débuts noisy, amoureux transi du tragico-baroque Misery Is A Butterfly ou impressionné par l’épure mélodique, la production mouvante et les arrangements vaporeux d’un Penny Sparkle au beatmaking faussement cadré qui finira bien par trouver son public, l’univers protéiforme de Kazu Makino et des frères Pace laisse peu de monde indifférent parmi les amateurs de rock indépendant (cf. également le célébré 23).

Ardents défenseurs de ce dernier album en date, on attendait beaucoup de son successeur Barragán ... mais voilà, malgré une évidente continuité, au petit jeu de l’air du temps Blonde Redhead s’est fait piéger pour la toute première fois et espérons-le, la dernière : un minimalisme désinvolte aux relents arty (les très XX et vaguement dark Dripping et Cat On Tin Roof et leur pop pour dancefloor neurasthénique sur lequel des hipsters se trémoussent en ayant l’air de s’en foutre) domine cette neuvième réalisation que ne viennent finalement rehausser que deux redites de Misery (les jolis mais peu surprenants Defeatist et Penultimo), le serpentin krautpop Mine To Be Had et surtout The One I Love et sa drôle de musique de chambre à la fois emphatique et touchante de dénuement (ces vents !), qui finit néanmoins par se perdre dans une nuée d’effets poussifs. Un coup dans l’eau ?



- Plus rien, et néanmoins... : Interpol - El Pintor

Depuis trop longtemps Interpol déçoit. Sur une pente douce vers l’indifférence, les New-Yorkais qui peinaient déjà à confirmer sur scène après deux premiers opus encensés perdent un peu plus d’admirateurs à chaque sortie. Après un éponyme vite oublié en 2010 sans être loin s’en faut aussi honteux que certains aigris l’ont prétendu à sa sortie, on craignait qu’il en soit de même pour El Pintor , d’autant que le single All The Rage Back Home avait ravivé l’espoir avec le genre de refrain incandescent dont Paul Banks et sa bande étaient capables sur Antics. Après cette entame redoutable quoique que peu surprenante et un Desire convenu, le groupe retrouve toutefois une belle tension sur Anywhere, fidèle à sa coldwave classieuse au lyrisme désespéré, guitares affutées, batterie martiale et synthés crépusculaires en avant (Same Town, New Story).

Atmosphères travaillées mais chansons taillées pour assurer sur les scènes des gros stades ricains, le milieu d’album fait le boulot mais c’est surtout à partir du rouleau-compresseur Breaker 1 et au terme d’une triplette finale partagé entre déferlantes d’électricité (Ancient Ways), souffle spleenétique (superbe Tidal Wave) et vapeurs d’affliction (Twice As Hard) qu’on se prend à retrouver un peu de l’affection qu’on avait pour un groupe revenu à échelle humaine avec toute la rage et la mélancolie que cela implique. Interpol pas mort !


Streaming du jour - 28.08.2014 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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