Le streaming du jour #1316 : Empire of Poets - ’Songs of Written Leaves’
Au diable les contraintes ! Certes, nous sommes en retard et relayons avec près d’un an de décalage cette sortie d’Empire of Poets. Qu’importe. L’immédiateté n’a jamais été l’ingrédient principal de nos recettes préférées.
Ce serait de toute façon faire injure à l’auteur de Songs of Written Leaves. En effet, ce dernier fait partie de ces (trop rares) artistes qui ne font pas la course à la nouveauté.
Adepte du "do it yourself", MJ Barker est moins habile pour défendre sa musique que pour la composer. Cela ne l’empêche pas d’être efficace sur les deux tableaux et, lorsqu’il défend un projet de crowdfunding pour sortir sa dernière galette en vinyle, il le fait avec une délicatesse si touchante que l’on ne saurait douter un seul instant de l’honnêteté de la démarche.
Si le nom de l’artiste vous dit quelque chose, c’est que le Melbournais commence à être un habitué de nos colonnes. Sous le pseudonyme de Water Music, il a déjà publié sept disques, dont l’excellent Wolves fin 2014 et le non moins inspiré Ships, album post-traumatique enregistré en une poignée de jours après le suicide de sa sœur.
Avant ces deux opus, en août 2014, l’Australien s’était donc autorisé une récréation collective auprès de cinq autres musiciens et du producteur Casey Rice, collaborateur régulier de Tortoise, mais aussi de Liz Phair et Chicago Underground Duo.
Plus hétérogène que les sorties sous le pseudo de Water Music, Songs of Written Leaves porte néanmoins la patte de MJ Barker dont il apparaît rapidement qu’il tient seul le gouvernail de ce projet.
L’opus se veut psychédélique, et l’on pense ainsi régulièrement à Mercury Rev ou aux Flaming Lips, notamment sur le sommet El Topo. Il ne s’agit pour autant pas d’un copier-coller de ces glorieuses influences, le Melbournais explorant des horizons vocaux assez éloignés de ceux de Jonathan Donahue. Moins à l’aise avec les variations de tonalité que son aîné, MJ Barker n’en est pas pour autant moins touchant.
La présence de musiciens à ses côtés apporte même une plus-value insoupçonnée. Si Empire of Poets ne renie jamais son esthétique DIY, l’aspect lo-fi est moins prégnant que chez Water Music. Les spectres de Sparklehorse (Trees ou Damien Rice (Golden) reviennent bien ici et là mais Songs of Written Leaves n’est pas l’album d’un homme isolé.
Un aspect noisy rappelant le Sonic Youth de Daydream Nation vient même poindre sur un titre tel que Anti. Surtout, c’est aux Radiohead de The Bends (Morning et Moon) que l’on pense par moments.
MJ Barker ne connaît pas les années musicales 90/2000 sur le bout des doigts. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il ignorait jusqu’à l’existence de Sparklehorse lorsque cet opus a été composé. De ces années, il est pourtant l’un des héritiers les plus élégants et inspirés. De fait, il n’y avait aucune urgence à louer la qualité de cet opus. Tout vient à point à qui sait attendre, et cela, notre Australien en est parfaitement conscient...
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