Le streaming du jour #1315 : Ed Harcourt - ’Restoration EP’

Pas si facile de se prêter à l’exercice de la chronique lorsqu’un musicien vous mâche le travail dans les liner notes de sa dernière sortie. C’est un peu le cas d’Ed Harcourt avec cet EP de 17 minutes composé pour le Piano Day, évènement décrété par Nils Frahm le 88ème jour de l’année en référence bien sûr aux 88 touches de l’instrument.
Ce coup-ci il s’agissait du 29 mars, jour où le Britannique s’installa devant son piano pour enregistrer en une heure et demie cette composition à 88 BPM, librement téléchargeable sur sa page Bandcamp avec donation optionnelle - l’argent récolté servira à aider l’organisme belge MusicFund à faire restaurer l’unique piano à queue de concert de Gaza, d’où le titre.
Ça commence par une poignée d’accords solennels, puis la frappe des pédales instaure une rythmique soutenant les arpèges impressionnistes à la Satie que l’Anglais distillera ensuite sur fond d’effets reverse, générant une dynamique de boucle minimaliste et hypnotique. Mais bien vite le morceau s’étoffe, et aux sonorités plus dramaturgiques d’un clavecin viennent finalement se superposer des couches successives de pianotages réverbérés évoquant les polyrythmies post-classiques d’un Steve Reich et plus généralement les progressions lyriques de la musique contemporaine dite "minimaliste" ou "répétitive", dont furent issus Philip Glass ou Michael Nyman. Enfin, le morceau se délestera peu à peu de ces composantes successives pour s’éteindre avec une lenteur consommée dans un silence hiératique.
Plus qu’à Tangerine Dream ouvertement cité ici par l’auteur de Here Be Monsters et du fameux From Every Sphere, on aura pensé, le temps de la rêverie nébuleuse engendrée par ces nappes d’échos, au morceau de Moby God Moving Over the Face of the Waters dont la dimension cinématographique transcendait le final de Heat, le polar de Michael Mann, en 1995... juste assez pour ne pas se limiter à paraphraser et faire honneur comme il se doit à ce musicien de formation classique dont la pop ambitieuse cache bien d’autres talents (cf. sa bande-son il y a six ans du film Donnie Darko 2).


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