"Chansons pour jours pluvieux, soirées éternelles et moments de solitude mélancolique". Si les compositions de Tristan O’Donnell sont instrumentales, ce n’est pas parce qu’il ne sait pas manier les mots, mais bien par souci artistique. On aura en effet rarement croisé un artiste capable de décrire son univers avec autant d’efficacité et en si peu de mots.

Avec cette description, le New Yorkais réussit le tour de force de présenter l’essence même de ses compositions sans préciser la nature même des ingrédients utilisés.

Le seul homme à bord du projet Guilty Ghosts parvient à trouver le parfait équilibre entre ambient vaporeuse et post-rock. A mi-chemin entre Beajn et Robin Foster, en somme, l’Américain s’appuie sur une guitare et une multitude d’effets électroniques.

Paradoxales, les compositions imaginées par Tristan O’Donnell constituent le terrain de jeu rêvé pour les amateurs d’oxymore. Les lignes de guitare donnent en effet une dimension à la fois lourde et sérieuse à un ensemble allégé par l’aspect onirique et éthéré des arrangements.

En somme, le voyage de vingt-deux minutes que constitue The Witness est à la fois terre à terre et donne envie de s’évader. Un pied dans le quotidien à la maison, l’autre en lévitation dans une contrée déjà lointaine : l’auditeur devient vite la marionnette d’un Guilty Ghosts aussi à l’aise pour jouer avec nos sens que nos propriétés physiques.