Le streaming du jour #1381 : Malherbe - ’Chevalier du Delta’ & Cyrod Iceberg - ’Wanna EP’

En attendant le prochain Tadash qui promet à nouveau son lot de fantasmagories post-punk atmosphériques de haute volée à en juger par cet Ex Nihilo, Up To The Skin introductif (pour patienter, jetez-vous sur Shadow Of Dreams si ce n’est déjà fait), les compères Malherbe et Cyrod nous régalent en mode songwriting saillant et instruments boisés - sérénades limpides, troublantes et enjôleuses pour le premier, folk ludique et touchante de modestie pour le second.

Autoproduit le plus enthousiasmant de ce début d’année, Les Disques Normal ont eu le nez creux en adoubant ce Chevalier du Delta, recueil de chansons finement enluminées qu’inspirèrent à Malherbe les poèmes d’Emily Dickinson il y a une paire d’années. Côté musique, on pense à tout ce que l’indie folk anglo-saxonne compte de plus bariolé (de Jonathan Richman à Noah and the Whale) mais aussi par moments au fingerstyle mélancolique du compositeur argentin Gustavo Santaolalla avant les années de gloire hollywoodienne (cf. le merveilleux Ressac ou encore Peu Importe où quelques notes de piano délicatement égrainées viennent accentuer la sensation de saudade embuée, hors du temps), les sonorités de bandonéon des divers claviers distillant sous l’abord chaleureux un petit arrière-goût cafardeux qui persiste même sur les titres les plus enlevés (tels que le groovesque La Fuite).



L’utilisation d’instruments atypiques procure d’ailleurs une fraîcheur certaine aux chansons comme aux instrumentaux, leur donnant çà et là des allures exotiques (Leonie) ou pour le moins ludiques et bricolées (Février), des percussions carillonnantes (glockenspiel, kalimba), orgues électro vintage (philicorda) et luths tropicaux (charango) manœuvrés par Malherbe aux cordes pincées du bouzouki et du ukulélé et à celles, martelées, du cymbalum (sorte de dulcimer king size) que tripatouille l’ami Tycho Brahé, également présent aux chœurs. Quant à Cyrod, il apporte sa touche aux arrangements d’une poignée de titres et aux discrètes guitares électrifiées (en toile de fond, notamment, de l’aubade anxieuse Noire Nescience), en passant par l’orgue (l’étrangement erratique et méditatif Le Temps Perdu) et l’harmonica (surcroît de spleen d’entrée sur Attica).

Et Cyrille Poumerie justement parlons-en, lui dont le récent PM signé Red Space Cyrod (son duo avec le Californien Jay Echeverria aka Red Space Cadet) alternait brillamment brûlots indie rock déglingués, ballades hallucinées, synthpop baroque de Sparks sous LSD et autres bizarreries libertaires à tiroirs qu’on n’aura pas l’insanité d’essayer de vous décrire. Seul sur Wanna c’est franchement plus simple, mais ses miniatures guitare en bois/claviers n’y tutoient par moins des sommets de charme alambiqué, de l’ouverture western surréaliste I Hope à la comptine bucolique The Starry Sky :



Un court format plein de pépites, on pourrait citer Forever, sorte de madrigal anachronique où Morricone et Brian Wilson se font les yeux doux, la country-folk embrumée de My House dont la mélodie colle aux pompes comme un bon vieux Magnetic Fields ou encore Walk Alone, susurré d’une voix presque rocailleuse sur fond de banjo ingénu et de synthés flâneurs mais c’est finalement The Finger qui enfonce le clou, squaredance de weirdo qui vous fera cavaler au saloon le plus proche de chez vous en sandales et en bermuda pour pas un clou (l’EP étant, comme souvent avec le Rennais d’adoption, dispo en libre téléchargement).


Streaming du jour - 27.07.2016 par RabbitInYourHeadlights
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