Froth - Outside (Briefly)
Le troisième album de Froth est peut-être celui qui leur permettra de toucher un public plus large. Il faut dire que les planètes s’alignent sans doute mieux que jamais pour les Américains puisque, sans aucun opportunisme, leur son revêt désormais un caractère planant mâtiné de diverses réverbérations, percutant ainsi le rebond de la déferlante shoegaze.
1. Contact
2. Shut The Windows
3. Passing Thing
4. Petals
5. Romance Distractions
6. Sensitive Girl
7. New Machine
8. Shatter
9. Show A Flower A Candle And It Will Grow
10. Briefly
Définir un courant musical constitue toujours une entreprise périlleuse, si ce n’est caduque à l’heure où le métissage, et l’on ne peut que s’en féliciter, est devenu la norme. Aussi, les percussions contondantes de Froth mêlées aux guitares atmosphériques ont toujours eu tendance à faire d’eux un formidable point de rencontre entre le krautrock et le shoegaze, percutant ici et là un noise-rock toujours bien senti.
Un ensemble d’univers dont le point de rencontre serait My Bloody Valentine, influence majeure de Joo Joo Ashworth et ce bien que le groupe ait essentiellement accompagné Ride sur sa dernière tournée avant qu’Andy Bell ne remixe Show A Flower A Candle And It Will Grow sous l’alias GLOK.
Sur cette troisième parution discographique qui met plus que jamais en avant les mélodies - Elliott Smith est une autre influence du combo - l’aspect vaporeux prend le dessus. Le synthétisme du Contact introductif n’est qu’un trompe-l’œil qui ne sera pas reconduit par la suite, et la lo-fi foudroyante sur fond downtempo de Shut The Windows évoque l’univers d’Alex G.
La première partie du disque fait toujours étalage de quelques parties de batterie bien senties, Passing Thing en tête avec son énergie noisy enrobée d’une bonne dose de réverbération rappelant le Ride de Going Blank Again. Il en va de même de Romance Distractions et son ouverture sous un déluge d’électricité qui s’estompe néanmoins pour laisser place à une partie mélodique accompagnée d’une batterie martiale ou de New Machine, imparable (et improbable) rencontre des riffs de guitare dynamités d’Ulrika Spacek avec les ambiances nonchalantes et enfumées de Cigarettes After Sex.
Toutefois, cette tendance électrique tend à être moins prégnante sur la deuxième partie du disque. Le terrain avait été préparé dès le nu-gaze dépouillé d’un Petals situé en quatrième position, mais il s’accroît avec les rêveries atmosphériques planantes de Sensitive Girl et les lignes mélancoliques de guitare de l’hymne dépressif en puissance que constitue Shatter.
L’arrivée de Nick Ventura à la guitare a permis au groupe de développer davantage une dimension onirico-poétique que la dream-pop de Show A Flower A Candle And It Will Grow incarne à merveille et qui se poursuit jusque sur la ballade Briefly qui clôt le disque avec une délicate lo-fi fantasmagorique entêtante.
Nous le répétons souvent, mais la différence entre l’opportunisme et le génie tient souvent à peu de chose. Accentuer son côté vaporeux en 2017 pourrait constituer un manque d’imagination ou une volonté de sonner « à la mode » pour s’attirer les faveurs d’un public en demande, mais dans le cas de Froth, il ne s’agit que de la suite logique d’un processus débuté il y a deux ans avec un Bleak digérant déjà la fusion de nappes atmosphériques mêlées à une électricité imposante.
Enregistré à la suite d’une quarantaine de sessions d’enregistrement, Outside (Briefly) a été lentement poli par les jeunes Californiens et constitue une rêverie post-psychédélique éthérée de quarante-deux minutes, à considérer comme le prolongement de ce que les Flaming Lips auraient pu proposer s’ils avaient émergé un quart de siècle plus tard, baignés dans les réseaux sociaux plutôt que dans les Commodore…
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