On s’en doutait un peu de la part de deux des pourvoyeurs de musiques extrêmes les plus jusqu’au-boutistes et bouillonnants de notre temps, Burning Ad Infinitum : A Collaboration est l’éclipse de soleil de cette fin d’été... tout en s’avérant, paradoxalement et de façon tout à fait surprenante, bien plus audible du commun des tympans que les chef-d’œuvre respectifs de Jay Gambit/Crowhurst et Mories/Gnaw Their Tongues cette année, Break Their Spirit et Genocidal Majesty.

Les raisons de cette relative accessibilité ? Un harsh noise inhabituellement sous-mixé et tempéré par les velléités post-indus martiales et désossées du Néerlandais Maurice de Jong aka Mories (du vénéneux Speared Martyrs au tempétueux The Blinding Fury Of Suffering), alors même que Gambit, de plus en plus magnétisé par les divers sous-genres metal que Gnaw Their Tongues se plaît pour sa part à fondre et fusionner dans son univers atypique, se révèle poreux à toutes sortes d’influences sur l’incandescente suite finale The Divinity of Our Great Perversions, passant allégrement sur près d’un quart d’heure du doom au death au crust au black au grind au pur bruit blanc pour finalement en arriver à mélanger un peu tout ça tandis que Mories s’égosille à grunter son venin jusqu’à l’auto-étranglement.

Bref, on vous a menti, c’est quand même plutôt radical et violent dans l’ensemble, passée l’ouverture dark ambient bourdonnante et stridente Nothing’s Sacred, et moins impressionnant qu’on l’espérait, aussi... mais en se souvenant de ça, on se dit quand même, aussi maso soit-on, que ça fait du bien parfois d’échapper au pire.