;background-color:#">Public Enemy - How You Sell Soul To A Soulless People Who Sold Their Soul ???

1. How You Sell Soul To A Soulless People Who Sold Their Soul
2. Black Is Back
3. Harder Than You Think
4. Between Hard And A Rock Place
5. Sex, Drugs & Violence (feat. KRS-One)
6. Amerikan Gangster (feat. E.Infinite)
7. Can You Hear Me Now
8. Head Wide Shut
9. Flavor Man
10. The Enemy Battle Hymn Of The Public
11. Escapism
12. Frankenstar
13. Col-Leepin
14. Radiation Of A RADIOTVMOVIE Nation
15. See Something, Say Something
16. Long And Whining Road
17. Bridge Of Pain
18. Eve Of Destruction
19. How You Sell Soul (Time is God Refrain)

2007 - Slam Jamz

Sortie le : 7 août 2007

Déjouant tous les pronostics, le plus grand groupe hip-hop des années 80 signait en août dernier l’un des plus beaux retours en grâce de 2007 avec le bien nommé How You Sell Soul To A Soulless People Who Sold Their Soul ???.

Huit ans après leur dernier chef-d’oeuvre en date, le vénéneux There’s A Poison Goin’ On, les auteurs du cultissime It Takes A Nation Of Millions To Hold Us Back ont eu la bonne idée de tempérer leur course à la radicalité, devenue obsolète avec la baisse d’inspiration et le manque d’inventivité de leurs dernières productions, pour ouvrir doublement leur musique : d’abord à une multitude d’influences et de sonorités, et à de nouvelles façons de mettre en lumière les problèmes et les dérives de notre société.

Avec humour, comme sur Sex, Drugs & Violence dont le coeur d’enfants faussement naïf tourne en dérision le gangsta rap et son influence néfaste sur la jeunesse américaine le temps d’un refrain pop aux accents... yiddish ("We like those gangsta rhymes / Just make sure they don’t corrupt our minds / These rappers kill and thief / A lot of times it’s only make believe..."), mais parfois aussi avec ironie, notamment le temps du "fantômatique" Bridge Of Pain sur lequel le flow de Flavor Flav se met au diapason de percussions atonales et d’un synthé cinématique faussement inquiétants. Dans un souci d’introspection (Long And Whining Road, ballade bluesy et mélancolique en forme de regard en arrière sur une carrière faite de luttes amères) ou même de sensualité (le groovy Escapism, très soul/funk 70’s avec ses cuivres jazzy et sa voix féminine au charme presque érotique). Avec un gros son qui tâche (le riff hard rock déjoué par les scratches sur Black Is Back, l’accrocheur Frankestar et ses accents vengeurs flirtant avec le métal, le psychédélisme saturé d’Eve Of Destruction), prônant le retour aux sources old school (le tubesque Flavor Man et son funk vrillé par un drone digne des débuts du groupe, un Col-Leepin bien carré à la Run-DMC construit sur un sample du Brass Monkey des Beastie Boys) ou une finesse retrouvée (Head Wide Shut, dont le groove luxuriant rappellerait presque le visionnaire Fear Of A Black Planet, Radiation Of A Radiotmovie Nation, tribal et bruitiste, avec son slam humaniste en anglais et en espagnol, ou surtout le formidable See Something, Say Something, fusion électro/70’s à la David Holmes).

En bref, ce onzième album studio du mythique groupe new-yorkais, qui fut en son temps le premier crew à avoir su attirer les yeux de la critique "rock" vers le hip-hop black, semble ainsi avoir été enregistré avant tout pour se faire plaisir et faire plaisir au public, d’où également parfois quelques accents r’n’b (cf. Amerikan Gangster, qui rappelle néanmoins par certains côtés le très sous-estimé True Magic de Mos Def, ou encore le dispensable The Enemy Battle Hymn Of The Public) que l’on n’aurait pas imaginés venant de Chuck D, Flavor Flav et leurs amis (parmi lesquels le producteur Gary G-Wiz, compagnon des débuts avec ses collègues du Bomb Squad) il y a encore une paire d’année mais que l’on pardonnera volontiers au vu de la qualité générale de l’album.

Entretemps, Chuck D est allé se lâcher comme il ne l’avait plus fait depuis longtemps sur le détonnant Flashlight Fight, sommet du deuxième album des anglais surdoués de The Go ! Team, et en est revenu, semble-t-il, plus jeune de 20 ans (et armé de cuivres du meilleur effet dont le lyrisme s’exprime de la plus belle des manières sur le folky Harder Than You Think), prouvant tout comme Flavor qu’il fait encore partie des tout meilleurs MC en activité. Pour autant, ce renouveau dans la musique de Public Enemy n’est pas tout à fait... nouveau, et on pourrait voir en How You Sell Soul To A Soulless People Who Sold Their Soul ??? un simple aboutissement de l’excellent He Got Game, qui tentait déjà en 1998 sous couvert de bande originale (pour le très beau film éponyme de Spike Lee) cette ouverture musicale et marquait une volonté nouvelle d’apaiser les maux du monde plutôt que de les fustiger.

Encadré par la chanson titre et sa fausse reprise avec leurs cuivres martiaux, clavier menaçant et cris distordus, l’album est ainsi, paradoxalement, une ode métaphorique au pouvoir de la soul (et par extension, de la musique noire en général) contre la bêtise, la violence et le mercantilisme sous toutes leurs formes. Une façon légère et sans prétention de revenir dans le jeu sans rien perdre d’une intégrité qui caractérise Public Enemy depuis ses brillants débuts... lesquels, certes, sont toujours aussi loin derrière, mais qui pensera cette fois à le regretter ?


( RabbitInYourHeadlights )

- 21.09.2007 par RabbitInYourHeadlights
 


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