Rival Consoles - The Decadent EP
En décembre dernier, quelques mois après l’EP Vemeer enregistré sous le pseudo Aparatec et ses beats à la Squarepusher sur fond de mélancolie synthétique, le jeune Ryan Lee West transformait l’essai. A tout juste 21 ans, c’est donc sous le nom de Rival Consoles que sévira désormais ce musicien anglais originaire de Leicester, que certains présentent déjà, sans doute avec raison, comme l’héritier le plus touchant et le plus singulier d’Autechre et d’Aphex Twin.
1. Juncture
2. Seventeen
3. Kitsch
4. Vari
5. The Decadent
6. Acid
7. Sunday (Bonus Track)
"Décadence : état de ce qui commence à se dégrader et évolue progressivement vers sa fin ou sa ruine", nous dit le dictionnaire. Voilà qui caratérise à la perfection l’atmosphère de ce premier EP de Rival Consoles. Au travers des sept morceaux qui le composent, c’est à une lutte intérieure contre l’effondrement qu’on a l’impression d’assister. Sur Seventeen par exemple, losque les beats se dérèglent et s’emballent à la manière d’Aphex Twin tandis que résonnent douloureusement des violons privés de la chaleur du bois, la musique elle-même semble se débattre contre sa propre nature synthétique. Une mélancolie dérangeante s’insinue alors, et nous fait partager, comme chez Autechre ou The Third Eye Foundation, le profond mal-être d’une existence qui regarde passer la vie et son cortège d’émotions en sachant pertinemment qu’elle échouera toujours à s’y accrocher.
Ainsi sur Juncture, des cordes synthétiques atonales ouvraient déjà l’EP sur de faux-airs de musique de chambre désincarnée avant que n’apparaissent blips et beats hip-hop déréglés dans un déchaînement schizophrène. Ce côté cheap des sonorités synthétiques, Rivale Consoles le porte sur lui comme l’imitation cousue main d’une peau humaine sur son corps machinique, l’assume pleinement, chérit même ce déguisement comme le plus beau semblant d’humanité qu’il puisse jamais posséder.
A partir de là, la folie guette. Kitsch fabrique son lyrisme de toutes pièces, dans l’urgence, comme pour lutter contre cette angoisse de ne rien ressentir. Vari, très ambient au début mais déjà instable et hanté, laisse d’abord un orgue synthétique, irradiant de tristesse résignée, annoncer la tempête sous un crâne qui le submergera bientôt dans un déluge de panique warpienne. Le morceau titre, plus sobre mais aussi plus sombre et inquiétant, lorgne davantage sur les Dust Brothers, tandis qu’Acid, hommage direct à Aphex Twin, pourrait sortir tout droit de Drukqs avec son final où blips et beats épileptiques laissent enfin place à l’apaisement avec les arpèges mélodiques graciles et les accords atmosphériques d’un piano à la Satie.
C’est justement sur un piano mais atonal cette fois que se termine The Decadent avec Sunday, qui bascule peu à peu dans la mélancolie avant de sombrer dans un désespoir profond mais tout en retenue, comme indicible, distillé entre les dernières notes malaisantes du EP, emplies de frustration et de pulsions inassouvies.
Une psychose en suspens, de quoi nous faire attendre au tournant le premier album de Rival Consoles, et d’autant plus impatiemment que deux nouveaux morceaux en écoute sur myspace, Agenda et Clip, promettent une suite plus posée mais tout à fait à la hauteur de cet EP parmi les plus passionnants et attachants de 2007.
Pour découvrir la musique de Rival Consoles et d’Apparatec, les pages myspace de Ryan Lee West et celle de son excellent label Erased Tapes (auquel on doit également les non moins talentueux Ólafur Arnalds et surtout The British Expeditionary Force que Ryan avait remixés pour un morceau de leur premier album A Long Way From Home ) vous attendent.
22 pour rester dans le ton car mon bilan albums en comptera 66 en trois parties (rendez-vous la semaine prochaine pour une première série), mais surtout parce que ces 22 là se sont imposés, s’il avait fallu couper plus loin on aurait approché la centaine et ça devenait (...)
L’Anglais Ryan Lee West a beau avoir déçu nos espoirs d’héritage Warpien, Sonne a tout ce qu’il faut pour réchauffer les cœurs des déçus du nouveau Caribou avec son électronica housy et sensuelle aux fourmillements bucoliques hors du temps.
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