Destroyer - Trouble In Dreams

Après s’être fait le spécialiste des supergroupes du rock indé canadien (The New Pornographers, Swan Lake) et avoir fondé un duo avec sa compagne (Hello, Blue Roses), Dan Bejar, la plus belle tignasse du rock canadien, remet à flot son Destroyer et frise à nouveau l’excellence avec Trouble In Dreams, son huitième album.

1. Blue Flower/Blue Flame
2. Dark Leaves From a Thread
3. The State
4. Foam Hands
5. My Favorite Year
6. Shooting Rockets (From the Desk of Night’s Ape)
7. Introducing Angels
8. Rivers
9. Leopard of Honor
10. Plaza Trinidad
11. Libby’s First Sunrise

date de sortie : 18-03-2008 Label : Merge Records

Entre deux albums de Destroyer, on a maintenant pris l’habitude de guetter fébrilement les apparitions de Dan Bejar dans ses multiples projets parallèles. Depuis le fantastique Rubies paru il y a deux ans, le songwriter canadien a ainsi ajouté quelques perles supplémentaires à son palmarès dont le sublime Myriad Harbour sur le dernier New Pornographers ou encore The Freedom sur le premier album de Swan Lake.

Rien que pour ces deux pépites, on est prêt à lui pardonner sa récente escapade amoureuse pour le dispensable Hello, Blue Roses, pour le simple prétexte qu’en plus de rendre aveugle, l’amour fait visiblement aussi perdre toute capacité de discernement. Malgré ce faux-pas, force est de reconnaître que depuis une poignée d’albums, Dan Bejar semble dans une sorte d’état de grâce intouchable, comparable à celui d’un autre frisé célèbre, j’ai nommé Bob Dylan circa 65-66. Après le chef-d’oeuvre synthétique et baroque Your Blues, notre homme a réussi à canaliser son inspiration débordante sur le magnifique Rubies, disque résonnant comme un classique instantané, acclamé par la critique un peu partout et passé malheureusement un peu inaperçu dans nos contrées. Au passage, on ne remerciera jamais assez l’excellent label bordelais Talitres d’avoir distribué en France au compte-gouttes quelques-uns des albums de Destroyer, lui offrant ainsi le minimum de reconnaissance qu’il mérite.

Huitième album du groupe, Trouble In Dreams réunit la même équipe de musiciens responsable du son très seventies de Rubies et jouant également le rôle de filtre, capable de limiter la propension de Dan Bejar à diluer son propos dans d’interminables bavardages instrumentaux qui plombaient certains de ses albums précédents, comme le relativement indigeste This Night. Résultat, la première moitié de l’album contient son lot de chansons magnifiques qui brillent du même éclat que les dix perles que contenait son prédécesseur. Blue Flower/Blue Flame ou Foam Hands font ainsi partie de ces chansons de velours, à la fois littéraires et cryptiques, dont seul Dan Bejar semble capable. Le canadien fait ici preuve de moins d’excentricités vocales (moins de la-la-la la-la dans un refrain sur deux), ce qui pourrait finir par convaincre les réfractaires à sa voix nasale dylano-bowiesque. Sa musique devient par moments très pop (Dark Leaves From A Thread et sa rythmique bondissante) et prend des allures de mille-feuille irrésistible (le sublime My Favorite Year qui s’étire sur près de 6 minutes, avec une ligne de basse caoutchouteuse comme épine dorsale).
Les choses se gâtent quelque peu à partir du très théâtral Shooting Rockets, morceau ampoulé autant dans ses paroles que dans sa structure progressive. A partir de là, la deuxième moitié du disque parsemée de morceaux plus anodins, s’avère moins convaincante, le songwriting de Dan Bejar perd en fluidité, ce qu’il gagne en complexité. Plaza Trinidad rappelle les expérimentations de Swan Lake mais jouées par un groupe trop empreint de classicisme pour jouer à fond la carte de la folie destructrice. Mais plutôt que de faire la fine bouche, on préfèrera se laisser bercer par Introducing Angels, ballade idéale pour se laisser emporter dans ces rêves troublés, parfaits compléments des éclatants rubis de leur indispensable prédécesseur.

Chroniques - 25.03.2008 par Aurelien
 


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Chroniques // 8 février 2011
Destroyer

Tel un enfant à l’imagination sans limite et auquel on aurait offert une boîte de crayons de couleur flambant neufs, Dan Bejar n’en finit plus de réinventer le petit monde de Destroyer.