Parkside - Cables

En ce début 2008 décidément bien riche, surgit Parkside. Autant le dire tout de suite. La révélation de l’année. Mais ce Cables au titre aussi étrange qu’énigmatique ne vient pas pour autant de nulle part.

1. The Disintegration Service
2. Xest
3. I.M.U.
4. Recount
5. A Million Scientists
6. Cheap Microphone
7. An Angel In The Afternoon
8. Stay Connected
9. Cockroach On Dope
10. Void
11. Changing Colors

date de sortie : 19-03-2008 Label : MOMI Recordings

Car cet album, à la rédaction d’Indie Rock Mag, on l’attendait depuis 2006 et quelques morceaux découverts au détour d’un player alors que l’on faisait nos premiers pas sur myspace, se demandant encore s’il était vraiment possible de tomber sur un tel groupe encore inconnu ou si l’ivresse de la nouveauté (cette façon encore neuve pour les artistes de faire connaître leurs univers en mettant leurs chansons à disposition des internautes, en allant carrément les chercher "chez eux" pour créer un rapport de proximité encore inimaginable quelques années auparavant) nous avait fait perdre toute capacité de jugement.

Mais quelques écoutes plus tard d’un EP encore tout chaud offert en libre téléchargement, The Desintegration Service , et on était définitivement rassuré, et assuré d’avoir mis le doigt sur une étoile en devenir.

Il aura depuis fallu deux ans au groupe pour accoucher de ce deuxième album tant attendu au moins par nous (le premier était paru en 2003 dans la confidentialité), et mois après mois nous en découvrions les morceaux sur myspace, tant et si bien qu’à sa sortie en mars nous connaissions déjà, en comptant les deux titres présents sur le fameux EP, deux bons tiers des chansons. Certains attendaient de l’entendre pour y croire, les autres en étaient déjà persuadés, Cables allait marquer le rock en 2008. Après tout, que fallait-il encore à Parkside pour réussir son coup ? Une poignée de morceaux capables de se hisser à la hauteur de ceux déjà connus, un tracklisting assez bien construit pour dépasser la simple somme de ses parties... tout ce qui fait un grand album, en définitive, si l’on y réfléchit. Avec le recul, nous aurions donc dû avoir peur. Mais le souvenir d’une session live tout bonnement extraordinaire pour Fabchannel.com ne laissait aucune place au doute dans nos esprits. Avec raison.

Quelque part entre les constructions mouvantes et schizophrènes de Radiohead, la fièvre et l’intensité de dEUS, l’onirisme aventureux des Flaming Lips et les nappes électro planantes de The Notwist, Cables est ainsi, d’ores et déjà, l’un des tout meilleurs albums de 2008. Rien de moins. Un labyrinthe sonique qui devrait en laisser plus d’un à terre. Les premiers titres posent les bases d’un album à la fois complexe et accrocheur, angoissant et flamboyant. Le reste, construit sur ces solides fondations, se chargera de vous achever une bonne fois pour toutes. Les sonorités électroniques procurent un léger côté malsain qui ne fait qu’ajouter à l’attrait de ces chansons aussi troublantes que fascinantes. Mais quelques morceaux comme le touchant An Angel In The Afternoon nous prouvent s’il était besoin que Parkside est également capable de maîtriser à la perfection toutes les sonorités pop. "Pop" étant néanmoins un mot par trop réducteur pour qualifier la musique particulièrement hybride de ces hollandais pas comme les autres.

De fait, partant à la découverte d’horizons musicaux dont la profondeur de champ n’a d’égale que la richesse et la luxuriance, Parkside n’a pas attendu d’être reconnu pour se lancer à l’abordage de ces nouvelles contrées sonores. C’est peut-être ce qui déroutera l’auditeur peu averti, qui préfèrera le confort de paysages plus classiques ou plus chatoyants. Car dans ce voyage vers nulle part et partout ailleurs, on a parfois l’impression de se perdre dans une immensité déroutante qui ne sera pas sans rappeler Autechre ou Radiohead période Kid A / Amnesiac . Tout cela s’entend dès le premier morceau The Disintegration Service - quel titre ! - avec cette intro d’électro déréglée sonnant comme une rencontre entre Lali Puna et le label Warp, qui cède bientôt la place à un rock minimal nourri au dub de Bristol avant de s’ouvrir à une luxuriance d’arrangements de cordes et de claviers à coller le frisson. Le groupe fait alors figure d’aiguilleur du ciel. Son but : nous guider, en commençant par nous introduire à son univers ouvert aux quatre vents et pourtant profondément singulier, autiste même si l’on en croit cet hymne à l’inadaptation en tant que mode de vie assumé par le songwriter René de Wilde et ses amis. Cables est donc un album qui se mérite. Mais une fois apprivoisé il se révèle enfin. Comme tout les grands albums, le chemin pour l’appréhender dans son entier est tortueux. Ça monte et ça descend. Parfois la pente est abrupte et l’on peine à garder la cap, mais de-ci de-là des titres plus faciles d’accès nous aident à continuer. On ne saurait les remercier suffisamment. Car parvenu au sommet, c’est un régal. Un paysage d’une richesse rarement égalée s’offre à nous à perte de vue. Tant et si bien que dès les premières écoutes, l’album semble pratiquement inépuisable.

Parkside alternera ainsi brillamment jusqu’au dernier morceau de Cables ambiances plombantes, refrains planants, envolées lyriques, accès de rage et plongées au pays des songes. L’impressionnant Stay Connected étant peut-être le titre qui symbolise le mieux les nombreux contrastes et paradoxes de cette musique étrange, barrée mais pourtant si proche, qui n’a assurément pas fini de nous passionner.

Chroniques - 09.04.2008 par Casablancas, RabbitInYourHeadlights
 


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