Sin Fang Bous - Clangour
Leader de la discrète formation islandaise Seabear, Sindri Már Sigfússon s’échappe le temps d’un album solo et adopte le pseudonyme énigmatique de Sin Fang Bous. Avec Clangour, le jeune expatrié emprunte une voie un peu plus expérimentale et donne naissance à une freak folk comparable en partie à une autre démarche solitaire rencontrée en 2007, celle de Panda Bear et de son Person Pitch.
1. Advent in Ives Garden
2. The Jubilee Choruses
3. Catch the Light
4. Sunken Ship
5. Melt Down the Knives
6. Clangour and Flutes
7. We Belong
8. Carry Me Up to Smell Pine
9. A Fire to Sleep In
10. Fafafa
11. Poirot
12. Lies
Un nouvel horizon qui n’oublie pas de convier des arômes de son île natale. Ainsi, Advent in Ives Garden en entame de disque, fait appel à une subtile et fine électronique en tout point ressemblante à ce que l’on a pu entendre sur le Go Go Smear the Poison Ivy de Múm. Un peu plus tard, lorsqu’arrive Catch the light et ses percussions martelées, c’est au récent Gobbledigook de Sigur Rós que l’on pense aisément.
Mais n’allez pas croire à un cruel manque d’originalité, car outre ces quelques sentiments familiers, la musique de Sin Fang Bous se révèle à la fois personnelle et surprenante, faisant notamment appel à divers ingrédients finement sélectionnés. Les arrangements acoustiques de guitares, de glockenspiels et autres modestes instruments côtoient fréquemment les bizarreries électroniques de l’islandais, forgeant cette identité musicale peu commune et en tout point charmante qui habite l’intégralité de cet album. Le doux chant de Sindri Már Sigfússon et ses envolées vocales qui s’enroulent autour d’une même syllabe étirée et répétée pour l’occasion, participent à la sensibilité de son œuvre et lui octroient une esthétique forte.
Un parcours certes habité par cette recette attachante mais qui comporte son lot d’agréables surprises rencontrées au détour d’une brève escapade rock (Melt down the Knives), d’une flûte exploitée telle un sifflement d’oiseau (Clangour and Flutes) ou d’un décor de Western insolitement planté au milieu de terres glacées (Carry Me Up to Smell Pine). On croise au passage le non moins étonnant Sunken Ship, épopée à quatre temps où s’enchaînent rythmiques et orchestrations diverses, passant d’une ouverture frénétique qu’on croirait extraite d’une vieille console de jeux des années 90, à des passages acoustiques apaisés pour finir sur la légèreté d’un clavier. L’itinéraire prend des allures de féerie et n’oublie pas de s’achever en apothéose avec l’émouvant Lies, porté par un piano qui nous délivre petit à petit de la pesanteur et nous entraîne dans son final percutant et haletant.
Le côté expérimental n’effraiera en rien celui qui s’y essaiera car ce premier effort aventureux, aux agréables saveurs islandaises, est avant tout harmonieux, mélodieux et finalement très accessible. On pense alors à Sufjan Stevens dont la musique possède des propriétés en grandes parties similaires à celle de notre homme du Nord. Nul doute n’est ainsi permis quant à la capacité de cet opus, pas encore complètement renversant mais assurément charmant, à aller séduire un large public.
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