Passé de la drum’n’bass au dubstep après sa rencontre avec Kode9 et la nébuleuse Hyperbub (dont on retrouve d’ailleurs ici l’excellent Spaceape sur un titre d’intro qui ne tiendra pas vraiment ses promesses cosmiques), le néerlandais Martyn désormais basé à Washington avait multiplié les singles ces dernières années, ne faisant d’infidélité à ce format 12" que le temps d’un premier album Great Lengths aux confins de la bass music à l’anglaise, de la house et de la techno - qui marquait par ailleurs les débuts sur format long de son label 3024 - et du cinquantième mix de la série Fabric réalisé cette même année 2009.

Autant dire que son arrivée chez Brainfeeder, label référence du glich-hop californien, laissait flotter un grand point d’interrogation au-dessus de ce deuxième opus. Certes, Martyn à la manière du boss Flying Lotus aime à multiplier les influences en marge de toute étiquette, mais qu’allait-il advenir de cette musique somme toute assez mécanique et anguleuse au royaume des beats syncopés, des basses jazzy et autres envolées stellaires aux contours organiques ?

Eh bien a priori rien de particulier. Martyn demeure Martyn et les seules rondeurs ici sont à rechercher du côté d’un groove plus house que hip-hop, d’ailleurs même Popgun entre ses samples de Public Enemy (la boucle abrupte de Mind Terrorist) et de James Brown (la guitare dissonante de Get Up, Get Into It, Get Involved) n’y trompera pas. Car pour le reste, on navigue donc entre 2-step, techno à l’ancienne et deep façon Berghain, le tout saupoudré de soul abstraite et fantomatique (Twice As), celle peut-être de ces Ghost People du titre. Une mixture déclinée avec autant de personnalité que d’efficacité sur le dancefloor mais honnêtement, et malgré un net affaissement des espoirs placés dans l’écurie de FlyLo depuis le ratage de Samiyam et les recettes un peu fades de Matthewdavid ou Mono/poly, on espérait davantage d’ambition et des sonorités plus singulières de la part du DJ sur ce coup-là.

A déguster sans déplaisir néanmoins, jusqu’au bouquet final que constituent les neuf minutes rétro-futuristes du bien-nommé We Are You In The Future.