Réputé pour son extrême prolificité, le pape du tribal-ambient et pionnier du drone et de l’électro atmosphérique modernes n’a pas vraiment ralenti la cadence ces dernières années. Pour preuve, une demi-douzaine de sorties répertoriées en 2012 et pourtant l’une de celles qui nous occupent ici, à savoir Soul Tones, aura nécessité à elle seule plusieurs mois de travail de la part du Californien, qui prévoit d’ores et déjà de lui donner deux suites en 2013 avec des intervalles tout aussi conséquents.

Il faut dire qu’avec les deux titres-fleuves constituant cette dernière sortie en date, le compositeur marqué par la kosmische music comme par les sonorités tout aussi mystiques et hypnotiques des aborigènes australiens n’est pas loin d’accéder à la quintessence de ses 30 années de carrière, du moins dans cette veine post-Eno stratosphérique et vaporeuse dont les marées oniriques aux harmonies troublantes et aux tonalités de plus en plus fantomatiques nous enveloppent tel un voile intangible de pur esprit, d’abord au gré des 45 minutes d’un morceau-titre qui aurait pu s’avérer sublimement chiant et se révèle pourtant sublime tout court, puis sur la petite demi-heure supplémentaire d’un Resolved dont les reflux faussement répétitifs irradient d’une mélancolie désincarnée subtilement mouvante et envoûtante :

Quant à la dimension rythmique de l’œuvre du musicien, on la retrouve sur le tout aussi deep et affiné Groove Immersion sorti le mois dernier et lui aussi en écoute sur le Bandcamp de son label Timeroom Editions, au programme quatre longues spirales en clair-obscur incarnant un pouvoir d’abstraction porté à incandescence sur ces deux sommets d’épure parfaitement complémentaires :