Le streaming du jour #1550 : The Poison Arrows - ’No Known Note’
The Poison Arrows a pris son temps pour sortir No Known Note. Le hiatus a porté ses fruits car ce nouvel album convainc complètement.
Ce qu’on en retient de prime abord, c’est la voix très Scott McCloud de Justin Sinkovich, elle se balade en permanence sur l’architecture et la recouvre d’un ciel de traîne sombre et assez chargé. Puis aussi la basse (Patrick Morris, ex-Don Caballero), très bavarde, très élastique. Tout comme la batterie (Adam Reach) qui adopte parfois une frappe suspendue qui apporte une coloration jazz à l’ensemble. La guitare, tour à tour angulaire et linéaire, très géométrique, vient compléter le tout. No Known Note est le troisième album de The Poison Arrows et succède à Newfound Resolutions, sorti en 2010. Fondamentalement, rien n’a changé. On retrouve le trio tel quel, attiré par les bifurcations et les pièces ciselées. Seulement, là où les explorations pouvaient auparavant se montrer stériles et un peu vaines, cette fois-ci, elles font invariablement mouche et atteignent leur cible. Sans doute un brin moins cérébraux que par le passé, les morceaux gagnent en nuance et en tension. Ils se montrent tout à la fois lourds et aériens et ménagent de multiples cassures qui pourtant ne fragmentent en rien leur course. Fondamentalement, rien n’a changé mais on le voit bien, c’est pourtant différent.
Si l’humeur générale, plutôt maussade, reste la même tout du long, The Poison Arrows joue néanmoins sur la variation et au terme de l’écoute, on n’a pas du tout l’impression d’avoir écouté huit fois le même morceau : le suspendu That Window Is Closed succède ainsi au plus lourd No Known Note (Part II) qui n’a lui-même rien à voir avec sa Part I plus bondissante et plus disloquée. Les variations prennent appui sur les différences d’épaisseur d’une plage à l’autre. Parfois la basse prend les devants et colonise le moindre interstice (Stuck On Screen), à d’autres moments, elle reste en retrait et laisse la guitare s’occuper de l’apex (The First the Last and the First Thing You Need), à d’autres moments encore, c’est tous ensemble au même moment et c’est encore différent (Augmented Algorithm idéalement placé en ouverture). Les interventions de chacun sont ainsi également déterminantes mais leur distribution d’une plage à l’autre suffit à modifier l’impact des morceaux, ce qui permet de tenir à distance les longs bras gris de l’ennui. Resserré, le trio maîtrise parfaitement ce qui sort de ses doigts et en profite pour injecter beaucoup de subtilité à sa musique.
Ainsi, de prime abord, s’il ne paie pas de mine et paraît uniforme, on se rend bien vite compte que le relief de No Known Note est au contraire des plus cabossés et qu’on trouve là beaucoup à explorer. Une fois n’est pas coutume, The Poison Arrows a ouvert son triangle à quelques invités - Scott McCloud justement sur Stuck On Screen, la guitare de Tony Lazzara sur Derailmentship et Wedding ou encore celle de Brian Case sur That Window is Closed - qui ne se contentent pas de faire de la figuration et permettent, eux aussi, de muscler la variété déjà importante de l’ensemble. Une dynamique mouvante, de l’énergie à revendre et beaucoup de finesse, No Known Note est une incontestable réussite.
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