Entre l’ésotérisme du récent Orient (numéro 63 ici) et l’ambient élégiaque de ses précédentes réalisations sous le pseudonyme Olan Mill, le Britannique Alex Smalley, moitié de Pausal, documente avec Curves une période importante de changement dans sa vie, une angoisse inhabituelle suintant du foisonnement impressionniste et organique de ces instrumentaux que le label néerlandais Shimmering Moods présente également, sur une première piste, dans une version mixée, fortement conseillée tant l’immersion des fondus enchaînés rend l’expérience d’écoute encore plus irréelle.

L’onirisme a en effet toujours été au centre du projet et cette fois, enregistré entre divers lieux familiers de son Angleterre natale et un voyage en Birmanie (dont on retrouve la mystique tout en drones cabalistiques, idiophones cérémoniels, chœurs spirituels et cordes transcendantales sur Sweeper et Bulkhead) alors que Smalley s’apprêtait à déménager en Allemagne et à devenir père, c’est dans une atmosphère de mélancolie et d’égarement mêlés que prennent place les rêveries de Curves, des variations esseulées, sur Ride Face, de cette flûte à la Katie English - entendue justement sur le fabuleux Hiraeth en 2013 - aux errements liquéfiés du final Reptile Smile en passant par les ascensionnels Curly Words et Beneath Today qui semblent partagés entre foi en cette nouvelle vie et fragilité craquelante des textures aquatiques prêtes à se dérober au premier faux pas.

Encore une belle réussite tout en délicatesse et en subtilité pour l’auteur de l’intense Douglas FIR à retrouver sur notre récente compilation IRMxTP Part XIII.