Avec Quaristice , deuxième volet d’une troisième partie de carrière particulièrement virtuose et aventureuse, Autechre confirme s’il en était besoin , trois ans après le vertigineux vortex d’ Untitled , que la déception (toute relative néanmoins) de Draft 7.30 en 2003 n’était due à rien d’autre qu’à la mise en sommeil ponctuelle d’une inspiration et d’une créativité intarissables depuis le début des années 90.

Après l’"intelligent dance music" des débuts et l’ambient pulsatoire et angoissée des albums les plus célébrés (avec pour sommets Tri Repetae en 1995 et Confield en 2001), on ne saurait vraiment décrire le tour qu’a pris la musique du mystérieux duo anglais depuis quelques années, si ce n’est que leurs compositions plus amples, complexes et profondes que jamais cultivent toujours les mêmes passionnants paradoxes.

Cérébral et pourtant organique, brillant sous ses dehors austères, mélancolique et touchant bien que malaisant et abstrait, l’univers instrumental de Sean Booth et Rob Brown, résumé ici quelque part entre musique concrète, ambient martienne, house à danser sur la tête, hip-hop futuriste et électronica bruitiste aux percus tribales de synthèse, connaît en outre une mini-révolution avec ce neuvième album et pour le moins septième chef-d’oeuvre indispensable : en lieu et place de la dizaine de morceaux habituels (parfois même seulement huit ou neuf, d’à peu près autant de minutes chacun), on a droit cette fois à 20 pistes tout rond et autant de contrepieds en forme de micro-galaxies mentales tout à la fois singulièrement uniques et de plus en plus interdépendantes à mesure que l’album déroule et imbrique les unes dans les autres les chroniques des rêves étranges de ses auteurs, reflets oniriques d’un inconscient torturé.

Un labyrinthe dont le pouvoir de fascination va croissant avec l’apprivoisement d’écoutes répétées, comme toujours avec la musique d’Autechre... laquelle pour continuer dans le paradoxe n’a jamais été aussi accessible (pop ?), du moins pas depuis Incunabula (1993) et Amber (1994), tout en demeurant profondément insaisissable. L’album idéal, en somme, pour découvrir ces pionniers de l’électro moderne dont l’influence ne cesse de s’étendre, de Thom Yorke ou Boards Of Canada à Sixtoo et Amon Tobin en passant par le jeune et talentueux Ryan Lee (Aparatec, Rival Consoles), espoir du captivant label anglais Erased Tapes, ou toute la techno d’aujourd’hui, FM ou non, contaminée plus ou moins inconsciemment par l’héritage indirect et discret de ces deux musiciens hors-normes.

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Sorti le 3 mars au format CD, Quaristice est également disponible en téléchargement payant, aux formats numériques FLAC et mp3, sur le site Bleep.com depuis le 29 janvier dernier. A noter qu’une édition limitée à 1000 exemplaires de l’album avec un deuxième CD de version alternatives (11 morceaux pour 68 minutes) s’est vue épuisée en 12 heures de précommande.

Et toujours le myspace qui fait mal à la tête, avec quatre extraits de ce nouvel opus actuellement en écoute.

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