Entretiens à Twin Peaks : #48 - Uncommon Nasa

Retrouvez chaque semaine dans nos pages les interviews de quelques-uns des contributeurs à la future compil’ Twin Peaks d’IRM. Celui qui se prête au petit jeu des questions lynchiennes aujourd’hui nous vient des States et c’est une vieille connaissance pour nous puisqu’on l’adore depuis longtemps. New York Telephone, Cold War Era, Halfway, Autonomy Music ou dernièrement Mink Swimming Pools sont 5 petits chefs-d’œuvre et nous avons été très honorés qu’il accepte de participer à notre projet. Il nous a fait cadeau de Early Season Leland, une piste qui peut déjà s’écouter sur notre teaser Welcome To Twin Peaks, l’occasion pour nous d’en toucher deux mots avec lui, de vous parler de ses excellentes sorties des années passées, mais aussi de ses futurs projets. Oui au fait, le gars, c’est Uncommon Nasa et qu’on se le dise, c’est un emcee et producteur de génie !

En 2014, New York Telephone nous avait scotchés dans cette veine new-yorkaise tracée par Billy Woods et les autres depuis quelques années, un truc viscéral, brut et lourd. L’année suivante avec Cold War Era et surtout Halfway, Uncommon Nasa continuait son chemin dans l’excellence hip-hop, mais c’est vraiment l’année dernière avec Autonomy Music que les choses ont été mises au point, un LP dont il est le producteur et où il a laissé le micro à son pote Short Fuze. Résultat gagnant, très dans les sonorités authentiques du New-York du début des années 2000, Antipop Consortium en tête, un grand album, réussi et archi-trippant et en plus avec Curly Castro sur une piste ! En janvier 2017, Uncommon Nasa a lâché Mink Swimming Pools, autre claque, urbaine ok, mais pleine d’énergie et presque dynamiquement drum’n’bass façon Bigg Jus par moments ! Le résultat est délicatement rentre-dedans et expérimental en même temps, teinté de  Twilight Zone  et de génie comme toujours, d’ailleurs quand on voit des featurings avec Billy WoodsSkech185BMS ou Short Fuze, on est rarement déçu ! Et déçu, nous ne l’avons certainement pas été en découvrant Early Season Leland, la piste faite de bizarrerie et de dynamite que l’emcee/producteur nous a offert ! Mais assez de blabla et place à l’interview de Uncommon Nasa qui vous parle de Twin Peaks et de son travail qui a lui aussi été grandement influencé par David Lynch.




L’interview



IRM : Comment résumerais-tu ton rapport à Twin Peaks ? A l’univers de Lynch en général ?

Uncommon Nasa : David Lynch pour moi c’est Twin Peaks et ses apparitions dans Louie [ici et , ndlr]. Je sais, je devrais creuser plus profondément le travail du bonhomme. Je me souviens avoir entendu parler de Twin Peaks quand j’étais enfant, ça passait à la télé quand j’avais environ 11 ans. Il était donc trop tôt pour que je puisse voir les séries de fin de soirée. Je me suis finalement décidé à regarder la série complète sur Netflix il y a environ 4 ans, ça a été immédiatement addictif. Twin Peaks vous met dans une ambiance différente de quoi que ce soit d’autre à la télévision, c’est déroutant mais ça rend curieux d’en voir plus. Ça préfigure vraiment les séries des chaînes câblées d’aujourd’hui. Un drame à suivre qui n’était pas un classique soap-opera mais tirait tout de même une certaine influence des shows de type Dallas. Twin Peaks a pris les séries TV des années 80 pour les faire marcher sur la tête, ce qui n’allait devenir la norme que 15 ou 20 ans plus tard.

Ton personnage préféré dans la série ?

C’est une grande question, à laquelle crois-le ou non je n’avais jamais vraiment réfléchi. Il est difficile d’écarter des personnages qui restent un mystère à ce jour tels que la Dame à la Bûche, le Petit Homme Venu d’Ailleurs ou même BOB. La profondeur que ces acteurs ont donné à des rôles tellement limités à l’écran est indélébile. Mais comme en témoigne le titre de mon morceau, Leland Palmer pourrait être l’un des personnages principaux les plus dingues pour moi. Je me souviens de la scène où il chante et danse et ses cheveux blanchissent dans le salon à l’occasion de cette réunion. Et le premier épisode quand sa femme et lui apprennent la mort de Laura. L’exagération de l’interprétation est tellement bien calculée pour obtenir votre attention avec un objectif précis. Ça vous absorbe pour tout le reste de la série.



Une scène qui t’a particulièrement touché... ou fait flipper ?

L’ultime séquence à la fin de la série est tellement incroyable. C’est un travail de maître. Vous avez vraiment l’impression d’être juste là, dans la Loge Noire. Il y a tellement de moments angoissants dans la série, comme quand Audrey Horne et les flics sont tous au One Eyed Jack’s au même moment, toutes les scènes où BOB apparaît, la cabine de Windom Earle. Et la liste continue.

Tu as enregistré un morceau pour notre future compilation Twin Peaks, quel aspect de la série t’a inspiré ?

C’est juste que dans cette série la musique, les dialogues, le mystère et le jeu des acteurs sont si uniques dans leur utilisation et leur combinaison. Comme je le disais, le premier épisode frappe fort d’emblée dans le genre pesant et déprimé. Soit ça vous attire, soit ça vous fait fuir et moi, ça m’a vraiment attiré.



Tu as eu vent de quelques-uns des musiciens impliqués dans ce projet. Duquel es-tu le plus curieux d’entendre la contribution ?

J’ai certainement hâte d’entendre ce que BRZOWSKI et C $ Burns ont pondu pour un projet comme celui-ci, il me semble que c’est pile dans leurs cordes. Je n’ai en fait jamais encore entendu la musique de mon gars Damien Miller (de IHAA) donc ça devrait être sympa. maticulous s’attaquant à ça, c’est aussi quelque chose qui me rend impatient. Je viens également de découvrir ce que fait Unsung via le podcast Dope Sh !t que je fais avec Samurai Banana, et ça me parle. Mais sérieusement vous avez une de ces listes, plein de musiciens appréciés. Ça va être un projet épique.

Un album vers lequel tu reviens quand il te faut ta dose de Garmonbozia ?

The Hurting par Tears for Fears ferait probablement l’affaire.

En 2016, tu as sorti Autonomy Music avec Short Fuze, que nous avions placé parmi nos meilleurs albums hip-hop de l’année. Plus récemment en janvier, tu as lâché un excellent Mink Swimming Pools. Quelques mots à ce propos ? D’autres projets sur les rails ?

Autonomy Music a été entièrement produit par moi-même et il est dispo en vinyle sur uncommonnasa.com. Short Fuze a construit un tas de concepts et de thèmes incroyables sur mes beats et j’ai pris le micro sur quelques pistes avec lui également, je pense que nous sommes tous les deux très fiers de cette sortie. Mink Swimming Pools est une collection de morceaux influencés par La Quatrième Dimension et Rod Serling avec des trucs déjà sortis, des raretés, quelques nouveaux morceaux et certaines de mes propres adaptations des monologues introductifs de Serling. La version digitale n’était disponible en ligne que jusqu’au 20 mars 2017 sur mon site. Les cassettes limitées à seulement 50 copies sont toujours disponibles chez I Had An Accident. Tous les bénéfices provenant du téléchargement payant et des cassettes seront reversés à l’ACLU et à NPR aux États-Unis. Mon prochain album sera entièrement autoproduit avec pour but sur la plupart des chansons de collaborer avec un autre artiste. Il sera disponible chez Man Bites Dog Records cet été et s’intitule Written At Night.




Uncommon Nasa sur Bandcamp / Site Officiel / Facebook / Twitter / Soundcloud




Original english version



IRM : How would you describe your relationship with Twin Peaks ? With the work/world of David Lynch in general ?

Uncommon Nasa : Twin Peaks (and his appearances on Louie [editor’s note : here and there]) are my world of David Lynch. I know, I should be digging in deeper on the man’s work. I remember hearing about Twin Peaks when I was a kid, it was on when I was about 11. So it was too soon for me to be watching late night dramas yet. I sat down and watched the full series on Netflix about 4 years ago, it was immediately addictive. It puts you in a such a different vibe than anything else on television, off balance but curious for more. It truly was the first "cable drama" before that was even a thing. An on-going series that wasn’t a true soap, but had some influence from the Dallas style shows of it’s era. It took 80’s TV and turned it on it’s head, and that wouldn’t be the norm for another 15-20 years.

Your favorite character in the series ?

This is a great question, that believe it or not I haven’t ever thought about. It’s hard to go against characters that to this day we don’t fully understand like The Log Lady or the Man from Another Place, or even BOB. The depth those folks gave to such limited roles on screen is indelible. But my track’s namesake, Leland Palmer might be one of the illest main characters. I just remember the scene where he was singing and dancing and his hair turned white in their living room for that gathering. And the first episode when he and his wife found out the news about Laura. The over acting was so calculated and so attention getting and purposeful. It sucks you in for the entire series.



A scene that particularly moved - or scared - you ?

The ending sequence for the close of the series is so incredible. It’s a master work. You feel so much like you’re right there in the Black Lodge. There are so many edgy moments in the series, like when Audrey Horne and the cops are all in One Eyed Jack’s at the same time, all the scenes where BOB shows up, Windom Earle’s cabin. It goes on and on.

You recorded a track for our forthcoming Twin Peaks compilation, what aspect of the series inspired you ?

I just feel that the music, the dialogue, the mystery and the acting is so unique in it’s use and combination of this particular series. Like I said, the first episode comes out the box super strong, super heavy and depressing. That’s either gonna draw you in or turn you away and for me it definitely drew me in.

You heard about some of the musicians involved in this project. Which one are you the most curious to hear the contribution from ?

Definitely looking forward to what BRZOWSKI and C $ Burns come up with for something like this, seems like it’d be right up their alley. I actually haven’t heard the homie Damien Miller’s music before (from IHAA) so that’ll be fun. maticulous tackling this is something I’m looking forward to. Also just got into what Unsung is doing through the Dope Sh !t podcast that I do with Samurai Banana, so I’m into that. But you have one hell of a lengthy and esteemed list there. This is going to be an epic project.



An album you often listen to when you need all your Garmonbozia ?

The Hurting by Tears for Fears will probably do that trick.

In 2016 you released Autonomy Music with Short Fuze, that we mentioned among our best hip-hop albums of the year. More recently in january you released an excellent Mink Swimming Pools. A few words about them ? Some other projects on the way ?

Autonomy Music was fully produced by myself and is available on vinyl at uncommonnasa.com. Short Fuze laid out an amazing group of concepts and themes over my beats and I jumped on a few of the tracks with him as well, I think we’re both really proud of that work. Mink Swimming Pools is a collection of my Twilight Zone and Rod Serling influenced tunes featuring previous stuff, rarities, some new work and some of my own adaptions of Serling monologues. The digital was only available until March 20th, 2017 at uncommonnasa.com. The cassettes limited to only 50 copies are still available at I Had An Accident. All proceeds from both digital and cassette will be donated to the ACLU and NPR in the States. My next album will be fully self produced with the goal for most of the songs being me collaborating with another artist. It will be available on Man Bites Dog Records in the summer and is called Written At Night.




Un grand merci à Uncommon Nasa. Son morceau intitulé Early Season Leland peut déjà s’écouter sur Welcome To Twin Peaks EP et paraîtra sur notre compilation Twin Peaks au printemps.


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