Il y a un peu plus de deux ans, on découvrait l’électro-acoustique impressionniste et onirique de l’écurie SEM Label via les sorties croisées de ses fondateurs Alexandre Navarro (dont les Lost Cities s’impriment encore en vapeurs de néon sur nos rétines) et Sasa Vojvodic (Letna). Une interview et pas mal de coups de cœur plus tard, voici les deux amis enfin associés sur un projet commun mariant à la perfection leurs univers respectifs tout en boucles pulsatoires et brumes de drones irisés.

On n’ira peut-être pas jusqu’à dire que l’on tient là la quintessence de tout ce qu’on aime chez SEM Label, la veine feutrée et contemplative arpentée ici par les deux Parisiens n’étant finalement qu’une facette parmi tant d’autres d’un catalogue passionnant jusque dans ses incursions jazz, housy ou ambient-techno, mais rien à faire le cœur y est. Et lorsque pouvoir d’abstraction et stimulation de l’imaginaire en viennent ainsi à se confondre au gré des field recordings manipulés jusqu’à l’hypnose, des reflux texturés et autres scintillements électroniques perçant la nébuleuse des effluves d’outre-rêve, on se dit que décidément, c’est en parvenant à nous faire toucher du doigt un infini hors de portée de nos sens les plus aiguisés que l’ambient devient du grand art, cosmos ou chimères de nos subconscients qu’importe le flacon puisque l’ivresse de ce Redfish se nourrit de l’un comme de l’autre indissociablement.