L’oeil sur 2025 - 150 albums : #90 à #76 (par Rabbit)
Comme souvent avec mes classements annuels pour IRM, le format s’est imposé de lui-même : 150 albums car me limiter davantage devenait trop frustrant, et sans classification au regard des difficultés ressenties l’an dernier à devoir ranger dans des cases, toutes approximatives et malléables qu’elles puissent être, des sorties souvent inclassables. Je suis donc allé au plus simple : mes albums préférés de l’année, avec pour seule règle de n’en mentionner qu’un par artiste, à moins qu’il ne s’agisse de différents projets ou collaborations... et l’espoir cette fois encore de voir quelques-uns de ces coups de coeur frapper avec la même intensité l’un ou l’autre de nos lecteurs.
Petit intro en réaction à cette aberration que l’on voit encore passer un peu partout en 2025 : cette année n’aurait pas été un grand cru de ci ou de ça, comme si l’on était encore en 1985, que les maisons de disques faisaient toujours la pluie et le beau temps et que tout un chacun, une fois écoutés les quelques 50 ou 100 mêmes albums que tout le monde, avait la légitimité d’en juger, alors qu’aujourd’hui cela équivaudrait à peine à l’un des fragments détachés de la partie émergée d’un iceberg parmi tant d’autres au fin fond de l’Arctique... autant dire une goutte d’eau dans l’océan des sorties. Ces 12 derniers mois, j’aurai écouté, avec plus ou moins d’assiduité forcément, quelques 800 enregistrements, et en aurai survolé pas mal d’autres, le tout dans des "genres" divers et variés si tant est que ça puisse encore vouloir dire quelque chose. De quoi en tirer - mais vous en jugerez - un bien beau bilan en rien similaire à ceux des voisins, qui aurait tout à fait pu se décliner en catégories - sur Bluesky, j’égrène par exemple mes sorties hip-hop préférées de l’année, liste qui m’aura tout de même obligé à laisser de côté de jolies réussites, autrement plus dignes d’être écoutées que ces purges racoleuses plébiscitées un peu partout qui n’ont de rap que le phrasé (et encore). Pourtant, force est d’admettre une troublante réalité : ce classement aurait pu être tout à fait différent et le fruit d’une année de découvertes tout aussi passionnante si j’avais reporté mon attention sur de tout autres disques, suivi d’autres labels, écumé Bandcamp avec davantage d’investissement et de proactivité, sans me laisser guider comme sur des rails par les cercles d’artistes et de distributeurs déjà sur mes radars qui suffiraient bien sûr, sans rien explorer d’autre, à saturer mon temps d’écoute. Savoir que l’on ne sait rien, i.e. avoir conscience que l’on n’a rien écouté ou presque : la première vertu d’un chroniqueur musical pour ne pas raconter n’importe quoi en 2025 ?
90. Tortoise - Touch
Malgré un Catastrophist en demi-teinte en 2016, dont les incursions pop et motorik ne m’avaient pas vraiment convaincu (le groupe faisant d’ailleurs mieux cette année en termes de krautrock à synthés avec Axial Seamount), j’attendais forcément beaucoup de ce retour, 9 ans plus tard, de l’un de mes groupes de chevet, ses membres n’ayant d’ailleurs jamais démérité, qu’il s’agisse par exemple de Jeff Parker ou même de Doug McCombs. Premier extrait aventureux et jugé prometteur sur le moment dans une veine électro organique et circonvoluée à la Standards, Oganesson s’avère finalement être l’un des sommets du disque, autant dire que l’on n’a pas affaire à un nouveau TNT et pourtant, Touch ne manque pas de qualités, rappelant quelque part la période It’s All Around You pour sa dimension onirique aux mélodies accessibles (Works and Days, le superbe Promenade à deux dont je touchais un mot ici), autant qu’un Beacons of Ancestorship, bien que sans être du même tonneau, pour les frontaux Vexations et Layered Presence, entre synthés protubérants et digressions électriques. Fricotant par ailleurs avec une techno saturée (Elka) ou un post-rock bluesy aux arrangements majestueux (Night Gang), l’album témoigne ainsi d’un appétit retrouvé pour les télescopages improbables, et c’était bien là l’essentiel pour les Chicagoans qui à l’image de The Necks ne laissent rien paraître du poids de leurs quelques 35 années d’activité.
89. Chat Pile & Hayden Pedigo - In The Earth Again
Tout a déjà dit, ces jours-ci justement, dans la chronique très complète du compère leoluce (cf. lien ci-dessous), pour ma part Hayden Pedigo était une découverte et si sa folk instrumentale portée sur le fingerpicking est par moments pleinement reconnaissable sur In The Earth Again (Outside, I Got My Own Blunt to Smoke), trouvant ici et là une autre dimension avec Raygun Busch au chant tout en conservant son essence "primitive guitar" (The Magic of the World, A Tear for Lucas), elle se met le plus souvent au service de quelque chose d’assez hybride pour les deux projets, à la fois plus électrique et menaçant que ses compos habituelles et beaucoup plus feutré que ce à quoi Chat Pile nous avait habitués jusqu’ici (les sommets Demon Time et Behold a Pale Horse), bien que la rage et la frustration anguleuses et saturées de ces derniers ne soit jamais très loin (Never Say Die !, ou le terrassant The Matador qui porte bien son nom). La superbe fusion de deux univers qui sur le papier n’avaient rien pour s’accommoder et en arrivent pourtant du premier coup à se magnifier mutuellement. Vite, la suite !
< lire la chronique de leoluce >
88. Erik K Skodvin - From Darkness
Après Deaf Center dans l’un des volets précédents, on retrouve le Norvégien Erik K Skodvin avec le genre de dark ambient à cordes frottées ou pincées que le patron du label Miasmah affectionne, minimaliste et sépulcral à souhait. Bande originale d’un thriller horrifique forestier sorti en Suède en 2024 mais pas encore chez nous, From Darkness est suffisamment atmosphérique, abstrait et cohérent pour fonctionner en tant qu’album à part entière, déroulant sur une vingtaine de titres plus ou moins étoffés ses nappes de crins dissonants tantôt saillantes ou plus feutrées et ses textures viciées tout en jouant sur le pouvoir anxiogène du silence, dans une veine à la tension sourde et entêtante, finalement plus proche de son alias Svarte Greiner aux soundscapes funestes que des précédents albums signés par le musicien sous son véritable patronyme, pour certains presque darkjazz (les géniaux Flare et Flame) ou plus arides encore (cf. le judicieusement nommé Nothing left but silence).
87. Gareth Davis & Scanner - Songlines
"Depuis 2017, le clarinettiste britannique Gareth Davis croise régulièrement le fer sur albums comme sur EPs avec son compatriote Robin Rimbaud aka Scanner, adepte d’une musique électronique à forte teneur atmosphérique. Sur Songlines, les deux musiciens nous ont concocté une paire d’instrumentaux immersifs et mouvants, passant d’un drone épuré aux foisonnements de blips et arpeggiators futuristes (Structure Of Statements) à des textures plus denses émaillées de synthés aux intrigants motifs percussifs. Deux longues compositions aux variations subtiles où jamais la clarinette ne se fait entendre dans son plus simple appareil, manipulée jusqu’à l’abstraction pour donner corps à ces épaisses nappes tantôt opaques ou abrasives."
< avis initialement publié ici >
86. Chantal Acda - The Whale
"Passé un morceau-titre aux motifs de piano encore assez jazzy (et dont la mélodie d’une chaleureuse mélancolie en évoque d’autres parmi les plus belles dans sa discographie), l’Anversoise d’adoption renoue avec une pop ourlée d’électricité plus ou moins feutrée et d’arrangements délicats, signant l’album avec son groupe de tournée qui pour la première fois a participé à l’écriture des morceaux. Produit par Chris Eckman des Walkabouts, comparse de la musicienne au sein du trio Distance, Light & Sky (son projet le plus "rock", bien qu’à dominante acoustique), The Whale est un petit classique instantané, à l’image du final Make It Work et de sa ferveur rugueuse et cuivrée, symbole de cet équilibre assez miraculeux entre spontanéité et sens de l’enluminure subtile et travaillée qui caractérise la plupart des sorties de cette grande dame, toujours pas suffisamment connue et reconnue chez nous."
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85. Abul Mogard - Quiet Pieces
Sortie inaugurale du label Soft Echoes de l’Italien Guido Zen, lequel se cache depuis une quinzaine d’années sous le pseudo d’Abul Mogard, projet aux multiples collaborations prestigieuses (Rafael Anton Irisarri, CoH, Dmitry Evgrafov, KMRU...), Quiet Pieces tient en 5 morceaux relativement longs et très immersifs, bien résumés par le clair-obscur et l’atmosphère sacrée du cryptoportique de la pochette. Sur ce nouvel opus, le sculpteur transalpin de soundscapes ambient contrastés nous submerge en effet de ses roulis de textures volatiles (Following a dream, Through whispers), ses crescendos magnétiques (Constantly slipping away) et autres reflux d’éternité (le merveilleux In a studded procession, sommet dont les vagues de synthés vaporeux nous entraînent dans les abîmes d’une mélancolie sans fond), évoquant notamment sur les 11 minutes du final Like a bird le New-Yorkais Black Swan, génie absolu du drone liturgique dont on reparlera plus haut dans ce bilan.
84. James Brandon Lewis Quartet - Abstraction is Deliverance
Le saxophoniste new-yorkais croisé en 2024 au côté des excellents Messthetics avait plutôt bien commencé l’année avec un Apple Cores minimaliste et déglingué à la section rythmique très 80s (étonnant, sachant que l’on retrouvait derrière la batterie Chad Taylor du futuriste Chicago Underground Duo), évoquant une sorte d’Ornette Coleman d’une dimension parallèle où les époques se seraient mélangées. Quelques mois plus tard, avec le même batteur mais dans une veine on ne peut plus différente, Abstraction Is Deliverance mettait cependant la barre beaucoup plus haut encore : une heure de jazz élégant aux atmosphères nocturnes et mélancoliques dans la plus belle tradition de la Grosse Pomme, d’une impressionnante fluidité, entre dynamisme post-bop libertaire et ballades modales. Il y a du Coltrane là-dedans, celui du début des années 60 avant le virage purement free, celui de Ballads en particulier mais pas seulement, c’est dire le niveau stratosphérique de cet opus encore magnifié par le piano tantôt impressionniste ou baroque d’Aruán Ortiz, à ne surtout pas manquer si vous êtes amateur du genre.
83. Jessica Moss - Unfolding
"Pas grand chose de neuf sous l’astre noir de ce nouvel album solo de la violoniste d’A Silver Mt. Zion, mais toujours un régal pour les amateurs d’élégies solennelles et électrifiées. Après l’abrasion menaçante et dépouillée de Galaxy Heart, Unfolding trois ans plus tard en perpétue l’épure tout en renouant avec les denses vortex capiteux des morceaux les plus dronesques du sommet Pools Of Light (cf. no one). Un parfait équilibre pour la pensionnaire du label Constellation qui culmine sur les nappes de trémolos, d’harmonies lancinantes, de choeurs et de saturations de l’introductif Washing Machine, puis sur l’intense crescendo de no where, ce qui ne l’empêche pas de savoir temporiser en se délestant de sa tension étouffante, ici le temps d’un no one is free d’une profonde tristesse dans sa désolation. Toutefois, Jessica Moss ne tourne pas pour autant en rond et la relative surprise viendra cette fois du long et magnétique One, Now, avec Tony Buck de The Necks aux diverses percussions (dont ces idiophones évoquant presque la sonnette du serpent du même nom), probablement la plus belle réussite du disque avec son atmosphère cauchemardée dont suinte une menace sourde jamais suivie d’effet."
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82. Chicago Underground Duo - Hyperglyph
"Rob Mazurek et Chad Taylor, ayant désormais élu domicile - tout comme Tortoise d’ailleurs - sur l’incontournable label jazz mélangeur de Chicago International Anthem, sont de retour avec un Hyperglyph long en bouche mais tout à fait digne des passionnantes explorations hybrides et futuristes qu’on leur connaît depuis les débuts du projet. Le successeur de Locus (cf.#15 ici) ne paie pas immédiatement de mine et risque même de faire un premier tri parmi les auditeurs curieux avec ce Click Song aux cuivres criards évoquant quelque folklore oriental pour film des années 60. La suite, toutefois, a tôt fait de revenir au jazz martien groovesque et défricheur cher au duo, qu’il soit tribal et dissonant (Hyperglyph), rythmiquement déstructuré et parsemé d’éclats électroniques en avance rapide (Rhythm Cloth) ou lorgnant sur un spoken word chaotique et incandescent (Contents of Your Heavenly Body). Le milieu d’album est probablement le plus fameux, avec le long serpentin fantasmagorique de The Gathering que des percus cristallines font basculer à mi-parcours du côté de l’onirisme, ou le jam cosmique d’un Hemiunu non sans atomes crochus avec l’univers séminal de Sun Ra. Hyper-bon !"
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81. Joseph Schiano di Lombo - Le tact (Sound piece for Fondation Henri Cartier-Bresson)
"Pianiste et plasticien originaire de Chambéry et basé à Paris, Joseph Schiano di Lombo rend hommage à l’approche du photographe Henri Cartier-Bresson via les noms de ces 7 morceaux présentés sur scène à l’occasion du 20e anniversaire de la fondation du même nom, dont la philosophie semble également s’appliquer à la musique du Français : pour résumer, capter l’essence de son environnement sans l’altérer. Enregistré entre Paris et la Pologne avec un trio de musiciens polonais dont le hautbois, le violoncelle et la trompette viennent ancrer dans une certaine esthétique néoclassique sa palette habituellement plus irréelle (et elle-même assez large ici en termes d’instrumentation, piano/orgue/synthés, guitare ambient et clarinette), Le tact explore un classical ambient riche en textures organiques, entre subtiles touches jazzy (Pas de bruit, ou surtout À pas de loup avec sa trompette évoquant Arve Henriksen) ou expérimentales (Afin de ne pas troubler l’eau) et discrètes modulations fantasmagoriques (Ne rien "préparer", ne rien "arranger"). Un bijou, qui culmine sur les 8 minutes à la fois éthérées et un peu hantées du superbe Être invisible au romantisme clair-obscur."
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80. The Boxhead Ensemble - Feather and Pine
"Le collectif à géométrie variable du Californien Michael Krassner, qui vit notamment passer par ses rangs Jim O’Rourke et David Grubbs (Gastr del Sol), Doug McCombs et Jeff Parker (Tortoise), Jeff Tweedy (Wilco) ou encore Bonnie ’Prince’ Billy, compte plus d’une merveille à son actif, à commencer par le superbe Two Brothers qui mêlait déjà en 2001 ambient acoustique élégiaque, orchestrations contemporaines et discrètes réminiscences post-rock. Pour le beau Feather and Pine, le groupe prend la forme d’un sextette où dominent comme à l’accoutumée guitare acoustique et instruments à cordes frottées, avec Frank Rosaly (batterie et percus) et Aaron Burke (basse) en guise de section rythmique, et le résultat, initialement conçu pour illustrer un documentaire du même nom sur la déforestation en Amérique du Nord, est à la fois magnétique et très épuré, oscillant entre méditations presque sacrées tout en nappes harmoniques (Overture, Reprise), cordes plus angoissées sur fond d’atmosphère en clair-obscur (le bien-nommé Small Lights in the Dark), rêveries éthérées (Third Generation Sawyer et son harmonium cristallin, Distant Taillights et sa guitare slide aux accents psyché) et ambient folk, entre deux compos plus expérimentales et libertaires où les percus mènent le jeu."
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79. Verb T & Vic Grimes - To Love a Phantom
Deuxième classement du rappeur britannique Verb T après l’opus produit par le collectif irlandais Outstraight (cf. #113 ici), et cette fois sans surprise c’est High Focus qui régale, évident label d’élection des Four Owls, groupe au sein duquel le MC côtoie son fondateur Fliptrix. Ce dernier, au même titre que Leaf Dog, Verbz ou Farma G (tous trois auteurs de très beaux albums rap UK cette année), fait partie des intervenants au micro de ce généreux To Love a Phantom dont le format double galette d’environ 80 minutes pour 26 tracks ridiculise d’emblée ces EPs que pas mal de rappeurs underground voudraient faire passer pour des longs formats ces temps-ci, sans même parler de son ambitieuse mythologie surnaturelle digne de tous les albums d’Halloween de Swamp Thing réunis. Et justement, si le flow décontracté mais d’une précision diabolique du Londonien fait merveille, le vrai héros du disque est bel et bien Canadien : de retour à la production pour donner suite à leur plus que prometteur The Tower Where The Phantom Lives de 2023 déjà fasciné par les mystères et les créatures de la nuit, Vic Grimes multiplie les écrins cinématographiques aux arrangements gothiques et aux basses insidieuses, entre tension horrifique décalée et jazz de bandes originales rétro (serait-ce donc un sample du grand Lalo Schifrin sur le bien-nommé Suspense and Tension ?). Probablement la plus grosse marge de progression de ce bilan, le disque était sorti il y a deux semaines à peine.
78. Ensemble Nist-Nah - Spilla
"Aux manettes de l’Ensemble Nist-Nah, ainsi dénommé en référence à l’un de ses albums solo sorti en 2020, on retrouve l’Australien francophile Will Guthrie, collaborateur récurrent d’un autre grand aventurier sonique du pays des koalas, Oren Ambarchi, qui distribue justement les disques de ce collectif nantais à géométrie variable via son label Black Truffle. Cette fois, pas de relecture de morceau traditionnel javanais comme sur l’opus susmentionné, mais des compos toujours centrées sur le gamelan, cet énorme ensemble instrumental indonésien aujourd’hui bien connu des amateurs de folklore mystique. On est évidemment loin ici de la réappropriation façon "musiques du monde" mais plutôt dans un univers musical hybride, influencé autant par le krautrock, le hip-hop ou la libre improvisation que par les circonvolutions polyrythmiques et métissées d’électronique de Tortoise ou du Chicago Underground (cf. Pasang, par exemple). De cérémoniaux intrigants (Snakelike) en grooves syncopés (Ghosty Klang), de jams chaotiques (Frogzit) en longues plages ambient aux échos ténébreux (Uncle), le disque est d’une richesse assez étonnante et impressionne autant par sa spontanéité organique que par ses constants changements de paradigmes harmoniques et rythmiques."
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77. Offthesky - Nocturnas
15 ans déjà que l’on suit Jason Corder aka offthesky, absolument jamais décevant dans cette ambient méditative et organique fourmillant de détails texturés qu’on lui connaît, et voilà que l’Américain, 6 ans après le merveilleux Illuminate, sort à nouveau l’un des plus beaux disques de sa pléthorique discographique : contemplatif et onirique, Nocturnas est comme son nom l’indique plus sombre que le susnommé mais lui emprunte son goût des arrangements cristallins et des choeurs éthérés (ceux de Rin Howell de Luxury Hearse, seule créditée ici hormis Corder lui-même), pour les mettre au service de contrastes particulièrement saisissants entre le mystère opalin du manteau de rêves qui nous enveloppe au petit matin pendant la dernière phase de sommeil paradoxal et le scintillement des premières lueurs de conscience de l’éveil. Pas étonnant que le disque soit ouvertement inspiré de Freud, Dali et Georges Méliès, dont le point commun coule de source.
76. OSMIUM - OSMIUM
Quatuor basé à Berlin, OSMIUM fédère autour de l’oscarisée Hildur Guðnadóttir, un temps violoncelliste de múm avant de passer à la composition de cinéma et de télévision, le musicien électronique James Ginzburg (moitié des excellents Emptyset chez Raster-Noton et Thrill Jockey), le compositeur et ingé son Sam Slater fidèle du label Bedroom Community (Britannique comme le précédent), et l’Indonésien Rully Shabara du duo de Java Senyawa, collaborateur de Stephen O’Malley, Lawrence English ou surtout Black To Comm. Une association improbable sur le papier et dont la synergie est pourtant évidente sur ce premier album homonyme où l’Islandaise manie une nouvelle fois l’halldorophone, sorte de violoncelle électronique au feedback dronesque déjà entendu sur sa BO de "Joker", et Ginzburg le monocorde basse, espèce de clavecin à cordes frottées. En résulte une ambient carnassière, percussive et menaçante, où les cordes sont frappées, malmenées et mêlées aux étranges borborygmes presque metal de Rully Shabara, sur 8 morceaux sans titres évoquant telle une suite une forme de cérémonie occulte en osmose avec les plus belliqueux esprits d’une nature en révolte.
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