Stormloop - Snowbound*

Serait-ce l’approche du froid d’un hiver long à démarrer ou l’effet boule de neige des bilans ambient éparpillés comme autant de flocons sur la Toile au début du mois, la saison quoi qu’il en soit était propice à compléter le mien, parka polaire et bottes à crampons de rigueur.

1. Snowbound
2. Cold Winds
3. A Blizzard
4. A Calm Reflection
5. Melt
6. Dense Fog
7. Drifting-Decent
8. Losing Sleep
9. Space Station J
10. Cygnus

date de sortie : 21-11-2011 Label : Glacial Movements Records

J’en aurai mis du temps à m’intéresser plus en profondeur à Glacial Movements et à son concept d’ambient isolationniste déroulée en vastes étendues boréales. Pas faute pourtant pour le label italien d’avoir ouvert sa porte ces deux dernières années à des artistes aussi réputés que le Canadien Loscil ou le Californien Bvdub, le premier batteur à ses heures pour Destroyer et transfuge de chez Kranky le temps du majestueux Coast/ Range/ Arc au printemps dernier, le second pour deux opus successifs, The Art Of Dying Alone et I Remember qui comptent certainement parmi les sommets d’une courte mais déjà pléthorique carrière, du moins aux oreilles des admirateurs de ses rêveries célestes parfois touchées par la grâce mais bien souvent interminables, il faut bien l’avouer.

Il aura donc fallu que Kev Spence, un autre stakhanoviste mais originaire de Leeds celui-là et plus connu des drone addicts sous le nom de Stormloop, se découvre avec la structure romaine une fascination commune pour les précipitations floconneuses afin que l’envie nous prenne de creuser en douceur sous la glace à la découverte de la face cachée de ce solide iceberg, appelé à tracer sa route dans l’océan des productions ambient en 2012 avec des sorties en approche de la part de Pjusk, Marsen Jules ou encore Aidan Baker pour un nouvelle collaboration avec le duo allemand Troum après leur anxiogène Domino Visurgis de 2010.

En effet, et malgré la productivité assez colossale de l’Anglais notamment via Bandcamp où nombre de ses autoproductions depuis 2004 figurent en libre écoute, on est ici en terrain quasi vierge, ce qui vous l’aurez compris relève de l’injustice la plus totale. Car si l’on a beaucoup vanté l’an dernier dans les milieux autorisés son compatriote le vétéran Chris Watson, ex Cabaret Voltaire dont le périple en train fantôme dans les limbes du temps a sans doute perdu plus d’un auditeur en cours de route, les évocations plus abstraites de Snowbound* nous destinent un voyage tout aussi immersif et spectral dans les deux sens du terme, son exploration du prisme lumineux et de sa réverbération sur les banquises soniques de l’Antarctique nous réservant son lot de zones d’ombre et de tonalités lancinantes voire carrément hantées.

Le rapprochement avec El Tren Fantasma ne s’arrête d’ailleurs pas là, un appel radiophonique venu des tréfonds de l’inconscient ouvrant et refermant les deux oeuvres pour souligner leur caractère de parenthèses irréelles. Mais que les allergiques aux récits sonores de Watson se rassurent, ici l’imagination n’a d’autre limite que l’horizon d’une immensité glacée à perte de vue et les field recordings - qu’il s’agisse des crépitements de la fonte d’une banquise régulièrement représentée sur les pochettes du label modelées par le duo de plasticiens Keep Adding (dépêchez-vous, il reste des digipacks), de l’écoulement de l’eau dégelée ou du souffle d’un blizzard que l’on imagine tranchant comme une volée de lames de rasoir - demeurent au second plan des nappes cristallines ou brumeuses à la musicalité nettement plus évidente, parfois sous-tendues par les caresses feutrés d’une paire de balais jazz (Losing Sleep) ou par l’écho minimal de pulsations ambient-dub comme sur l’introductif Snowbound à découvrir via ce court extrait (d’autres sont disponibles ici et l’album entier sous Spotify en suivant l’affreux logo verdâtre en bas de tracklist) :

Un voyage glacé mais paradoxalement confortable dont les qualités impressionniste et hypnotique doivent beaucoup aux influences respectives - et séminales l’une comme l’autre - des Norvégiens de Biosphere et du Californien Steve Roach, et que l’on aura amplement l’occasion de prolonger sur la bien-nommée compilation de "chutes" The Tracks Left In The Snow issue des mêmes sessions (cf. ci-dessous) voire pourquoi pas sur le plus onirique Autumn II dont l’atmosphère de nostalgie en clair-obscur pourra parfois rappeler les récollections anachroniques de l’excellent Leyland Kirby.

Chroniques - 21.01.2012 par RabbitInYourHeadlights
 


Stormloop - Snowbound (extrait)

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