Mon année 2014 en 100 albums - Part 6

Mes favoris de l’année écoulée triés sur le volet à l’instant T, 10x10 albums tous genres confondus et quelques bonus à la fin (meilleurs EPs, labels, etc.), voilà ce qui vous attend dans cette série qui réduira faute de temps les commentaires au strict minimum (les deux tiers des disques mentionnés ayant été chroniqués dans les pages d’IRM, vous savez où aller).

Entamant la moitié supérieure du classement, cette nouvelle tranche privilégie l’épure et réserve une place de choix aux objets musicaux non identifiés. On vous met d’ailleurs au défi de coller une quelconque étiquette qui tienne en moins de trois épithètes à certains de ces disques auxquels les mots peinent à rendre justice...





50. Motion - Syllepsis (Wood & Wire)


The Necks ne sont pas les seuls aficionados australiens d’un ambient-jazz aventureux aux jams hypnotiques et déstructurés, la preuve avec ce désormais sextette (depuis l’arrivée de Kynan Tan aux circonvolutions électroniques ainsi qu’aux visuels) dont la faible notoriété a sans doute pour unique avantage de nous offrir en libre téléchargement - comme de coutume avec l’excellent label Wood & Wire - ce fabuleux troisième album partagé entre chaos freeform en surtension, piano atonal, méditations cuivrées ballotées de l’intérieur et amoncellement de loops minimalistes faisant la part belle aux percus et aux sons trouvés. L’un des plus beaux ovnis de cette année 2014.





49. The Fucked Up Beat - Investigates Strange Weather Patterns And The UFO Cults Of Cold War Nevada (Autoproduction)


"Télescopant avec ironie et virtuosité la parano post-atomique des 50s et un regard à la fois nostalgique et moderne sur la culture "pop" de l’époque (essentiellement jazzy, donc), ce dernier opus du prolifique duo new-yorkais se décline en 15 versions différentes, complétées chacune d’un quatorzième titre propre à la variante en question. Autant dire qu’on ne s’étendra pas en détail sur les 28 morceaux qui composent l’ensemble de l’œuvre, labyrinthe schizophrénique et capiteux de beats syncopés, de samples désuets et d’atmosphères cinématographiques dont l’association nous fait partager le vertige des conspirationnistes et la fièvre des chasseurs d’OVNIs au son d’un Daedelus renvoyé 50 ans en arrière pour croiser le fer avec Count Basie."


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48. Petrels - Mima (Denovali)


"Nommé d’après un personnage d’Aniara, poème SF fleuve du Suédois Harry Martinson, le successeur dOnkalo tout comme l’œuvre qui l’inspire tient autant de l’opéra mythologique que de la rêverie existentielle. Fidèle à la luxuriance électro-acoustique majestueuse et pulsatoire du précédent opus également sorti chez Denovali, le Londonien Oliver Barrett en tire cette fois une véritable geste épique à la croisée de la kosmische musik et du post-rock (Treetiger), mettant l’accent sur des crescendos rythmiques jusque là absents de sa musique. Mais qui dit opéra dit forcément emphase et ces immenses édifices rétro-futuristes demandent que l’on s’y plonge au défi de toute logique pour être appréciés à leur juste valeur, bande-son d’une odyssée où l’esprit fusionne avec la matière et dont la part de mystère semble croître écoute après écoute."


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47. Saåad - Deep/Float (Hands In The Dark)


Alors qu’on attend pour fin février une collaboration intercontinentale du duo toulousain, enregistrée entre une demi-douzaine de pays avec les excellents EUS et Postdrome (déjà hébergés par Romain Barbot, moitié des premiers, sur son label BLWBCK), pour un résultat qui s’annonce assez impressionnant à en juger par ce premier extrait, c’est Saåad qui reste sur la plus belle des impressions grâce aux rêveries minérales de ce Deep/Float, suite d’instrumentaux nimbés d’un voile immense de mystère et de nuit qui déploient leurs nappes de drones et synthés viscéraux avec autant de sensualité lynchienne que de solennité.


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46. Bohren & Der Club Of Gore - Piano Nights (Ipecac)


Toujours un peu la même mais toujours différente, la musique des pionniers allemands du doomjazz continue d’en arpenter ce versant feutré qui n’appartient qu’à eux, d’autant mieux sur ce huitième album en plus de vingt années de carrière (dont dix passées chez Ipecac, label de Mike Patton qu’on retrouvera dans le prochain volet) puisqu’il finit de se délester de ses fondations de basses fréquences électrifiées au profit d’un spleen cuivré plus chaleureux voire éthéré, émaillé de percussions soyeuses et de drones de synthés vaporeux. Capiteuses et superbement épurées, les compos de ce Piano Nights, qui n’a plus grand chose des ambiances oppressantes des débuts se révèlent donc idéales pour s’abandonner à l’imagination d’un polar néo-noir sous les lampadaires d’une métropole engourdie par la nuit.





45. B/B/S - Coltre/Manto (Midira Records)


"Enregistrés live dans une fameuse église de Bochum en Allemagne par Aidan Baker (Nadja), Erik K. Skodvin (Deaf Center) et Andrea Belfi (Hobocombo), ces deux morceaux fleuves aux allures de jams joués sur des braises font preuve d’un sens du contraste inédit. Plus ou moins fidèle aux crescendos feutrés de Brick Mask Belfi se faisait discret entre deux saillies tribales plus cathartiques, Coltre entame pourtant une progression plus free aux incursions rythmiques sporadiques mais incisives sur fond de drones de guitares lancinants. Toujours aussi hypnotique, le résultat annonce un Manto frontal et fiévreux qui doit finalement tout autant au krautrock de Can et consorts qu’au dark ambient ritualiste dont se réclamait l’opus précédent, effets de guitares drogués, saturations doomesques et radiations électroniques à l’appui."


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44. James Murray - Mount View (Slowcraft Records)


"Ultime volet d’une trilogie autobiographique qui ramène l’Anglais James Murray au point de départ d’un passé douloureux pour mieux s’en délester et aller de l’avant, ce troisième LP en trois ans creuse encore davantage la veine ambient minimaliste et lancinante de l’excellent The Land Bridge, laissant les influences néo-classiques passer au second plan des vibrations plus texturées (en témoigne la présence plus feutrée que jamais du piano sur Long Light ou These Hands) voire s’effacer complètement au profit de radiations drone délicates et d’arrangements électroniques discrets.
Le résultat, cocon de spleen solaire aux éclats lancinants, tend vers l’abstraction et l’irréalité, entre magie, onirisme et austérité à l’image d’un Swift Returns aux allures de liturgie pastorale."


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43. Teebs - E S T A R A (Brainfeeder)


"Épaulé par Prefuse 73 et Jonti, le magicien du label Brainfeeder saupoudre de scintillements acoustiques, de field recordings impressionnistes et de percus célestes ses rêveries embrumées élevant le glitch-hop au rang d’art sacré. Bien qu’on puisse regretter les nébuleuses abstraites d’un premier opus dont les morceaux télescopaient leurs textures séraphiques en un véritable vortex organique de micro-symphonies rythmiques, la mixture extatique de beats alanguis et d’effluves psyché concoctée par Mtendre Mandowa sur cette suite plus cadrée s’avère tout aussi enivrante et n’en réserve pas moins de jolis moments d’abandon à l’image de SOTM, Piano Months ou Gratitude."


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42. The One Burned Ma - Au sens large du terme (Autoproduction)


"Quelques semaines à peine après l’excellent EP Gris Amer, le Parisien The One Burned Ma remettait le couvert avec un format long qui porte bien son nom : du rock déconstruit au harsh noise, de jams hypnotiques en loops abrasives, Au sens large du terme fait état d’une palette musicale sans concession et riche en chemins de traverse où se croisent Can et Kevin Drumm, Keith Fullerton Whitman et Aaron Dillaway, le blues dronesque de feu Gastr Del Sol (Aux éclats) et l’épilepsie bruitiste de Zs (Péril imminent), le free jazz, l’ambient expérimentale et toutes ces musiques d’hier et d’aujourd’hui qui s’adressent au cerveau reptilien sans nous prendre pour des trépanés, à plus forte raison si elles incommodent nos conduits auditifs jusqu’à les faire saigner."


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41. Klara Lewis - Ett (Editions Mego)


Sculptrice de field recordings angoissés et d’abstractions pulsées à peine entrée dans la vingtaine, la Suédoise ne pouvait mieux tomber que de débuter sur Mego avec ce disque qui aurait sans doute été bien en peine de trouver un public ailleurs que sur le label viennois. On sait en effet ce qu’on vient chercher lorsque l’on s’invite chez Peter Rehberg, et il faut dire que Ett, prolongé ce mois-ci par le dark ambient halluciné de l’excellent Msuic EP, a la belle idée de ne jamais choisir entre dub-techno mutante et ambient fantasmagorique, onirisme en lévitation et appel des grands fonds. Fascinant.


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