Mon année 2014 en 100 albums - Part 2

Mes favoris de l’année écoulée triés sur le volet à l’instant T, 10x10 albums tous genres confondus et quelques bonus à la fin (meilleurs EPs, labels, etc.), voilà ce qui vous attend dans cette série qui réduira faute de temps les commentaires au strict minimum (les deux tiers des disques mentionnés ayant été chroniqués dans les pages d’IRM, vous savez où aller).

Au programme de cette nouvelle salve, pas mal de drone mais également un peu de tout le reste, voilà qui pourrait résumer mes écoutes au quotidien. Et ne serait-ce que dans l’ambient et l’expérimental entre guillemets (que viennent contrebalancer un peu de pop transcendantale, de hip-hop, d’électro et de post-rock non moins singuliers), une passionnante diversité que j’espère vous faire partager !





90. OOIOO - Gamel (Thrill Jockey)


"Après plus d’un quart de siècle passé derrière les fûts et les claviers des très underground Boredoms et déjà 20 ans aux commandes des grand-messes psyché-pop chamaniques et noisy d’OOIOO, Yoshimi P-We est aujourd’hui au plus près des traditions musicales asiatiques (les polyrythmies cristallines et transcendantales du gamelan sud-asiatique) et dans le même temps au plus loin d’une musique dite "traditionnelle", enchaînant les jams protéiformes et délirants au gré des 6 premiers titres qui composent une véritable suite, avant d’aborder un format plus pop mais tout aussi électrisant et libertaire sur les 5 suivants. Soit une grande orgie hypnotique et droguée croisant avant-garde atonale et régression primale."


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89. Ill Clinton - The Illvolution (Autoproduction)


"Atmosphères entêtantes et flows acérés, The Illvolution ne révolutionne pas le hip-hop mais lui rend un peu de la coolitude malade et de la flamboyance plombée des regrettées années 90. Boom bap qui sonne et gimmicks à la Morricone se côtoient dans les prods d’Ill Clinton, le maître de cérémonie qui pour le coup est aux manettes à la tête d’une quinzaine de MCs plus ou moins méconnus de son entourage de Philly, sur fond de cuivres vénéneux, d’échappées oniriques et autres bandes-sons de B-movies stylés."


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88. Phantom Orchard Ensemble - Through The Looking-Glass (Tzadik)


"Sous la houlette d’Ikue Mori aux machines déglinguées et de Zeena Parkins aux arpèges cristallins, les contes de fées de notre enfance passent de l’autre côté du miroir et nous dévoilent leur vrai visage, enchantement gothique de la harpe et du célesta et afféteries dissonantes des cordes et des grouillements électroniques. Entre le piano dramaturgique de Sylvie Courvoisier, les cisaillements théâtraux des orchestrations, et autres borborygmes improbables lâchés par la Norvégienne Maja Solveig Kjelstrup, un équivalent pour le classique contemporain du jazz choral et dérangé du Fire ! Orchestra, les deux formations reflétant la même schizophrénie dans leur exploration d’un imaginaire aux émotions contradictoires."


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87. Poborsk - Gradient Scene (Bedroom Research)


"Avec le Marseillais Patrice Curtillat, on ne sait plus qui du poulpe ou de la machine mène la danse, mais ce qui est certain c’est qu’on ne pourra guère danser que sur huit pattes à l’écoute de ces instrumentaux déboussolants, dont la jubilation à faire naître de sonorités austères voire malaisantes une véritable orgie polyrythmique et onirique sonne comme la bande-son d’une bataille de polochons entre les Britons d’Autechre et les Teutons de Mouse on Mars. Pourtant, l’étrangeté de cette musique coule paradoxalement de source, stimulant nos fantasmes de futur marchant sur la tête et de greffes virtuelles à même la chair."


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86. Jacaszek - Pieśni (Polish National Centre for Culture )


On pourra préférer le très bon Catalogue des Arbres en compagnie de l’ensemble contemporain Kwartludium, promenade drone jazz sous une nef de feuillus aux ombres inquiétantes (avec un accent prononcé sur les field recordings typique du label Touch), mais à condition d’accepter la dimension traditionnelle de ces reprises de chansons religieuses, l’équilibre entre les textures vacillantes - et le sens de l’espace - que l’on connaît au Polonais et l’émotion des mélodies est idéal sur ce Pieśni, publié en catimini en tout début d’année.





85. EUS / Mytrip - Reviraje/Lifeless (BLWBCK)


Je n’aurai pas entendu grand chose d’aussi terrassant cette année que la suite Reviraje du Costa-Ricain EUS, symphonie drone aussi majestueuse qu’obscure pour cet Inconnu au-delà de nos dimensions et le mélange d’angoisse et de fascination qu’il engendre. Dotée d’un souffle comparable à celui du parfait Sol Levit, cette face-A a pour seul défaut de mettre la barre un peu haute pour le Bulgare Mytrip, qui ne s’en tire pas moins honorablement avec les bourrasques et grouillements désincarnés de ses deux longues pièces aux allures de bande-son d’après-monde.





84. Nadja - Cystema Solari [w/ Uochi Toki] (Corpoc) / /ɪmpə’fɛkʃ​(​ə​)​n/ [w/ Vampillia] (Autoproduction)


Spoken work cosmogonique en combustion avec les Italiens Uochi Toki ou élégies drone doom massives et orchestrées en compagnie des Japonais de Vampillia, toute l’étendue du talent des Canadiens Aidan Baker et Leah Buckareff en l’espace de deux collaborations passées quasi inaperçues. Il faut dire qu’on aura peu vu Nadja cette année comparativement à leurs dix sorties de moyenne mais qu’importe, l’excellence étant comme souvent au rendez-vous.


< chronique de Cystema Solari >





83. Perc - The Power And The Glory (Perc Trax)


Presque trop à l’étroit sous l’étiquette dark techno d’un label Stroboscopic Artefacts qui ne cesse pourtant d’expandre les frontières de cette appellation, c’est sa propre écurie Perc Trax qui publiait l’hiver dernier ce second long format du beatmaker londonien. On savait Alistair Wells capable depuis l’excellent EP A New Brutality de cogner dur, déconstruire et méditer dans le noir en l’espace d’une poignée de morceaux, cette fois c’est en toute liberté qu’il explose les limites de la musique de rave, entre techno-indus mutante, électro-noise viciée (le terrifiant David & George), dark ambient fantasmagorique et pianotages gothiques.





82. Wizards Tell Lies - The Ninth Door (J&C Tapes)


"Bénéficiant du goût jusqu’ici relativement discret de Matthew James Bower pour un combo guitares/batterie dont les frictions crépusculaires et autres digressions gothiques le disputent au gros son noisy, Wizards Tell Lies montre les crocs sur cette suite directe des confrontations spiritiques de l’éponyme de 2011 et de l’EP The Occurrence. Culminant sur l’impressionnant Between the Sun and the Light, cette narration instrumentale aux ambitieuses fusions soniques n’a rien à envier à la démesure tourmentée des derniers Swans si ce n’est le succès."


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81. Marsen Jules - Beautyfear (Oktaf)


Après les errances chamber jazz du beau Présence Acousmatique de l’an dernier (en trio sur le même label Oktaf avec en guest Roger Döring des géniaux Dictaphone à la clarinette et au sax), l’Allemand Martin Juhls aka Marsen Jules renoue avec ces marées oniriques pures et douces aux harmonies troublantes héritées de Brian Eno, Angelo Badalamenti, Stars of the Lid ou encore du Steve Roach versant ambient minimaliste. C’est beau, un peu hanté aussi (voire même carrément anxiogène, cf. Beautyfear V ou XI), d’où son titre, et s’il vous en faut encore, cette session grondante pour Radio France Paris devrait faire le boulot.