Le mysticisme ethno-barré de Yoshimi P-We sur un grand media national ricain ? Vous ne rêvez pas, NPR a bien décidé de mettre à l’honneur (et en avant-première intégrale qui plus est) le nouvel album des Japonais OOIOO et on en profite pour vous faire partager cette expérience maximaliste convoquant les polyrythmies cristallines et transcendantales du gamelan sud-asiatique, une transe tribale redoutable, des incantations dada déboussolantes, des guitares wah-wah, une trompette cartoonesque et des chœurs presque pop dans une grande orgie hypnotique et droguée croisant avant-garde atonale et régression primale.

Plus d’un quart de siècle passé derrière les fûts et les claviers des très underground Boredoms, et déjà près de 20 ans aux commandes des grand-messes psyché-pop chamaniques et noisy d’OOIOO, mais il aura pourtant fallu attendre l’adoubement des Flaming Lips dont la Japonaise fut la muse le temps du bien-nommé Yoshimi Battles The Pink Robots pour que sorte de l’ombre tout un pan de la musique expérimentale nippone, jusque là relégué aux seuls amateurs éclairés.

Signé dans la foulée par Thrill Jockey qui remplit cette nouvelle Gamel de cérémonials bouddhistes alambiqués et décadents comme on les aime, OOIOO est aujourd’hui au plus près des traditions musicales asiatiques et dans le même temps au plus loin d’une musique dite "traditionnelle", enchaînant les jams protéiformes et délirants au gré des 6 premiers titres qui composent une véritable suite, avant d’aborder un format plus pop mais tout aussi électrisant et libertaire sur les 5 suivants - de la folle épopée opératique d’Atatawa aux accents afro-jamaïcains de Kecupat Aneh, en passant par l’ultra-dense et saturé Jesse Testa qui n’aurait pas dépareillé sur les derniers albums de Deerhoof.