Le streaming du jour #1067 : Klara Lewis - ’Ett’
Le label autrichien Editions Mego a sorti le 14 avril le premier album de la jeune Klara Lewis, Ett. Si le fait qu’elle soit la fille de Graham Lewis (bassiste de Wire) ne représente que peu d’intérêt notons malgré tout que l’on retrouve chez l’une comme l’autre cette même passion pour la déconstruction et l’expérimentation sonore.
C’est un aspect que l’on retrouve plus particulièrement chez Klara Lewis puisque ce premier effort repose justement sur la récupération de sons divers (allant de sonorités métalliques jusqu’à l’appel à la prière d’un muezzin), sur leur déconstruction avant de les refaçonner et de les assembler pour nous offrir ce magnifique et troublant album expérimental. C’est à un véritable travail d’orfèvre que Klara Lewis s’est livrée ici pour notre plus grand plaisir.
Ce qui en fait une sortie remarquée c’est que ces sons pris séparément auraient tout pour donner une production à l’ambiance urbaine oppressante, rugueuse et violente. Or rien d’aussi frontal ici. Tout est dans la retenue, dans la délicatesse. Certes ce n’est pas un album rayonnant de jovialité ou respirant le doux parfum du printemps. Ce serait plutôt comme un discret voyage dans un monde que les boucles rythmiques rendent tout aussi inquiétant que fascinant mais où tout espoir n’est pas encore perdu, comme le laissent entrevoir de discrètes mélodies, notamment sur le subtil Shine, ou quelques field recordings prélevés dans la nature. L’ambiance se veut feutrée et minimaliste tout en conservant une importante puissance évocatrice.
À peine nos deux oreilles se sont-elles tendues vers c a t t, le titre d’ouverture aux lignes de basses hypnotiques, que Klara Lewis nous prend par la main et nous fait entrer dans son univers dont nous ne ressortiront que trois quarts d’heure plus tard, hantés pour quelques temps encore par ce que nous venons de voir (ou d’entendre), partagés entre divers sentiments contradictoires.
Une telle maturité et une telle maîtrise dès un premier album ne peut que générer de grandes attentes pour la suite. Mais ne soyons pas trop pressés et sachons déjà apprécier la grande qualité de cette première production où l’ambivalence et la discrétion du propos se retrouvent d’ailleurs parfaitement synthétisée par la pochette du disque, qui reflète en revanche moins bien la relative chaleur qui s’en dégage.
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