Gliss - Devotion Implosion

Comment choisir entre l’innocence des premiers émois et le caractère sexy des guitares noisy ? Sucré ou salé ? Juste un baiser ou juste baiser ?

1. Morning Light
2. 29 Acts Of Love
3. Sleep
4. Beauty
5. Anybody Inside
6. Lovers In The Bathroom
7. Sad Eyes
8. The Patrol
9. Love Songs
10. Sister Sister

date de sortie : 20-10-2009 Label : Cordless

A la première écoute, je me suis demandé si Gliss ne serait pas à The Pains Of Being Pure At Heart ce que Creation était à Sarah Records, il y a bientôt vingt ans de ça. Deux mondes qui s’affrontent, se complètent. Cette année le Young Adult Friction des New Yorkais a failli faire seul la course en tête au rang des singles de l’année ; c’était sans compter sur l’arrivée du Morning Light de Gliss.
Ou comment les rosbifs sont en train de se faire bouffer tout cru par les ricains, éternel combat avec pour seules armes quelques guitares, basses et batteries.

Incroyable ouverture ce Morning Light, à déguster en clip ci-dessous et qui nous renvoie directement dans les jupons de The Jesus & Mary Chain. Du lourd, du sexué, qui envoie ses plus belles guitares d’entrée de jeu avec un certain Gareth Jones (Depeche Mode, Liars, Wire, Nick Cave, These New Puritans) au mixage.

Alors conquis ? Surpris ? Et pourtant l’alerte avait été donnée dès juin 2009 sur le forum indie rock dans un grand déballage/repérage de groupes made in L.A. . On n’innove pas, on n’invente rien, même Gliss n’est pas né de la dernière pluie avec déjà un album Love The Virgins à son actif. Mais alors que nous vaut un tel réveil en fanfare pour ce Devotion Implosion  ?

N’y pensez même pas, de nos jours les faiseurs de mode ont bel et bien été bannis de notre planète. Il n’y aura pas de revival shoegaze ou que sais-je, l’heure est au bon goût, aux tétons qui pointent, aux multiples influences et aux plaisirs partagés. C’est ainsi que Gliss prend son envol, avec Victoria, danoise et fan de death metal, Martin qui apprécie tout autant la pratique du yoga que le Velvet Underground et David qui boit du jus d’orange tous les matins et s’endort chaque soir en écoutant des livres-audio. Certains ressortiront à coup sûr leurs albums de The Jesus & Mary Chain, d’autres découvriront à la suite de ça Ride ou My Bloody Valentine, des vieux comme des jeunes finiront par trinquer à la santé de Gliss alors qu’en fond sonore auront déjà débarqué The Raveonettes, et au final quoi qu’il arrive on criera victoire !

Oui victoire, car une fois de plus c’est le rock qui l’emporte. Et pas n’importe lequel puisque même s’il fricote le temps d’un morceau avec une ambiance un peu lourde à la The Kills, le reste de l’album reste bourdonnant à souhait, suffisamment pour décalaminer le pavillon de David Lynch qui se fait vieux à fricoter avec les Au Revoir Simone reniant par là même sa grande vie de déglingué à Los Angeles. J’en veux à personne, surtout pas à ceux précédemment cités, mon seul rêve étant que jeunesse bruyante plus que quiconque fasse de cet album le sien. 29 Acts Of Love donnerait des idées aux filles, Beauty les rendrait attirantes tandis que les jeunes hommes ne seraient pas en reste, Lovers In The Bathroom pour leur donner le sens de la rythmique et de l’extase et Love Songs pour faire planer la courtoisie et le mystère.

Devotion Implosion ne demande qu’à faire grand bruit. On pourra compter sur l’un des sommets de cet album, Anybody Inside peuplé de voix éthérées et maltraité par des guitares poussées à la limite du larsen. Également à l’affiche, le morceau de clôture Sister Sister qui sans convier véritablement Kevin Shields à la partie nous fait un peu humer de l’air vicié entendu chez My Bloody Valentine. Tout ça risque fort de ravager quelques auditeurs prêts à s’abandonner corps et âmes dans la musique. Oublions leur histoire, oublions la nôtre, et concluons simplement en disant : c’est jeune et dans l’air du temps tout ça, vraiment pas mal pour un début.

Chroniques - 16.11.2009 par indie