Tension abstract et futuriste paradoxalement incarnée (Convex Analytics Test Transmissions), échafaudages polyrythmiques de mathématicien du son (Quantization Pattern Index), post-techno pointilliste aux mélodies évanescentes (Super Code Spectrum)... c’est rien de moins que les grandes heures du label Raster-Noton redevenu Raster il y a quelques années, de son fondateur Alva Noto au cultissime Japonais Ryoji Ikeda en passant par Emptyset ou Mark Fell, que nous évoque ce mois-ci le Superstructure de Celine Arnauld, parfaitement symbolisé par sa cover dont les lignes géométriques voient surgir ici et là les torsions d’un chaos savamment organisé (cf. les dysrythmies, glitchs et modulations de Fragments of Automatic Variable).

Également actif sous les pseudos Dj Don’t Sleep et Paul Basscoigne dans des univers allant de la jungle des raves 90s à l’IDM ciselée avec des détours par le drone et l’ambient, Pablo Miranda Caballero a très probablement choisi le nom de Celine Arnauld en hommage à la poétesse et écrivaine dada, Carolina Goldstein de son véritable patronyme, l’esprit de transgression ludique du dadaïsme ayant assurément laissé des traces ici de la même manière que chez Matmos ou Mouse on Mars par exemple (ou pourquoi Atom™, pour rester chez Raster), deux groupes avec lesquels l’Espagnol montre de vrais atomes crochus, en particulier sur le très organique et mouvant Hyper Rhythmics Scene, conclusion riche en ruptures et en replis atmosphériques entre deux télescopages rythmiques séquencés au scalpel.

Déjà passé par des structures telles que Point Source Electronics Arts ou Opal Tapes, le musicien n’en est ici qu’à sa première sortie chez Mahorka, mais en amalgamant synthétiseurs analogiques, sampleurs, synthèse granulaire et manipulations numériques, il épouse déjà le goût de l’expérimentation de notre label bulgare favori pour accoucher d’un petit bijou d’électronique en flux tendu aussi glacial que texturé tout en restant d’une grande clarté, entre beats fracturés et sound design impressionniste (Central Logic Structure), cascades de blips hypnotiques (Complex Installations Entry Scene) et ballets de fréquences subliminales (Transformations of Data Structure Spectrum). Du grand art !