Pour mieux comprendre l’oeuvre d’un artiste, il est parfois nécessaire de la replacer dans son contexte, la comparer à ses prédécesseurs ou aux humeurs de l’humain qui se cache derrière. Parfois. Mais comment faire lorsque, tel cet EP de Minotor, un disque semble sorti de nulle part et seulement découvert au gré de recherches aléatoires sur la toile ? Il ne reste probablement plus qu’à parler de musique. Et des émotions qui en découlent. C’est déjà beaucoup.

Ainsi, le paysage lunaire qui orne la pochette de Visions en dit déjà bien plus que de longues descriptions. Les compositions de Minotor propulsent l’auditeur au-delà de la stratosphère pour explorer les recoins d’un système solaire dont nous savons finalement peu de chose.

A l’image de Carbon Based Lifeforms ou LPF12, l’Allemand convoque une ambiance stellaire mais, à l’image du Visions introductif, son univers dépasse en permanence la notion d’ambient. Instrumentales à l’exception de quelques samples vocaux, les quatre pistes de l’EP intègrent néanmoins des beats froids et métalliques qui évoquent autant l’IDM industrielle de S.H.I.Z.U.K.A. que les expérimentations lunaires de Public Service Broadcasting sur The Race For Space.

Avec des titres aussi évidents que 1969, Visions fait ouvertement référence à cette époque où, en pleine guerre froide, la conquête de l’espace comportait une dimension politique sans que ces enjeux plus ou moins avouables n’entravent l’intérêt d’un commun des mortels prompt à rêver. L’electronica modulaire de Dystopia et la deep-house d’un Celestial sur le fil prolongent cette ambiance à la fois onirique et crépusculaire, complexe et néanmoins accessible. Tout simplement redoutablement inspirée. Minotor est apparu comme une bombe. Espérons que celle-ci n’explose pas trop vite.