Sea Lion, le deuxième album des Ruby Suns sonne comme s’il était joué par une fanfare d’une dizaine de personnes biberonnées à la sunshine pop. Il est pourtant le fruit d’un seul illuminé, Ryan McPhun, un californien de naissance, émigré depuis quelques années en Nouvelle-Zélande et qui a beaucoup voyagé ces derniers temps. Du Kenya à la Thaïlande, équipé d’un dictaphone, il a eu l’idée de coucher sur bandes ce que lui inspiraient ses différentes pérégrinations. Il en ressort un disque fourre-tout, traversé de mélodies solaires et d’éclairs de génie pop.

Le premier album éponyme des Ruby Suns était là pour en témoigner : Ryan McPhun a été traumatisé par les Beach Boys. Mais sur ce deuxième effort, il a su s’émanciper de son influence principale : sur Sea Lion, ce Brian Wilson des antipodes, le guide du routard en poche, a choisi de parcourir le monde plutôt que de se cramer le cerveau dans un hôpital psychiatrique. Il ramènera dans ses bagages des mélopées psychédéliques jetant un pont entre George Harrison et le Beta Band (Blue Penguin), des comptines tropicaliennes fleurant bon le peyotl (Oh, Mojave), des ritournelles de pop synthétique à la Stereolab (There Are Birds). Sur Sea Lion , on chante un peu dans toutes les langues, on se fout pas mal des frontières, de l’identité nationale et de Brice Hortefeux. Oui, un peu comme Beirut et sa musique sans papier. Sur le génial Tane Mahuta, Zach Condon aurait d’ailleurs pu rejoindre la troupe, troquer le ukulélé pour le banjo et la grisaille des Balkans, pour le sable chaud des plages polynésiennes. Mais le tour de force de cet album, c’est Kenya Dig It ? qui orchestre la rencontre au sommet dans un jardin anglais entre deux Brian : Eno et Wilson, avant que Morning Sun ne conclue le disque sur quelques notes de synth-pop complètement décalées.
Sans crier gare, The Ruby Suns viennent de sortir le disque de l’été avec trois mois d’avance.