Top albums - août 2013
De l’épure au post-tout, de l’introspection à l’espace infini, du metal à l’abstract hip-hop, d’un Grand Nord apocalyptique aux racines folk de l’Amérique, notre bilan de cette fin d’été s’avère pour le moins éclectique. Six consensus étonnants pour six albums tout sauf consensuels, et quelques pistes du côté des bilans personnels de l’équipe pour entamer les rattrapages de la rentrée et faire l’école buissonnière avec nous !
Les Résultats
1. Ulver - Messe I.X-VI.X
"La mue continue pour le combo norvégien toujours emmené par l’ex Arcturus Kristoffer Rygg au chant et aux programmations, et c’est à une messe aux allures d’opéra tourmenté que nous convie cette nouvelle BO imaginaire orchestrée par un ensemble symphonique du grand nord.
Comme souvent chez Ulver, la grandiloquence guette (des beats à la Hans Zimmer de Glamour Box au requiem incantatoire de Son Of Man) et l’avant-garde se pare parfois d’arrangements presque anachroniques mais le plus clair du temps l’équilibre s’avère parfait entre la tension des nappes électroniques aux pulsations fantasmatiques et le lyrisme des crescendos post-classiques aux harmonies troublées. Un album entêtant et hanté qui se passe très bien de mots pour exprimer son tiraillement entre ferveur et désespoir, dualité des sentiments qui nous serre les entrailles pour ne plus les lâcher."
< lire la suite >
(Rabbit)
2. Ill Clinton – Ragnarok
"Dans un équilibre idéal de samples aériens et de beats résolus, le Philadelphien Ill Clinton contemple la fin de toute chose, l’éternel hiver du Ragnarök scandinave avec l’apaisement de celui qui a trop vécu.
Évocatrice du spleen crépusculaire et du malaise urbain que symbolisent ses atmosphères défiantes, cette beat tape aussi concise qu’attachante impressionne par son économie de moyens et l’élégance viciée de ses instrus en clair-obscur - quelque chose des meilleures productions d’Havoc dans les 90s mais avec ce feeling abstract propice aux plus belles divagations mentales, de boucles opératiques (Manic Depression), acoustiques (Juniper) ou jazzy (le lynchien The Rain Is, l’insidieux Muffz) en effluves asiatiques (Taeph) ou rétro-futuristes (Dummie)."
< lire la suite >
(Rabbit)
3. Ras G & The Afrikan Space Program - Back On The Planet
"Entre chaos cosmique et groove psychédélique, abstractions texturées et transes tribales adressées à la face cachée de quelque lune allogène, Gregory Shorter endosse à nouveau son scaphandre de Ras G & The Afrikan Space Program pour disséquer l’héritage space jazz de Sun Ra à coups de basses dub, de radiations stellaires et d’arythmies en vortex syncopées jusqu’au vertige.
Le Californien n’est finalement jamais aussi envoûtant qu’en atmosphère étrangère, 1/3 d’hélium, 1/3 de LSD et 1/3 de ganja lorsqu’il ne sillonne pas le vide intersidéral en quête de nouveaux horizons à infuser de son glitch-hop sans âge à la sagesse hallucinée - comme ici le hip-hop (s)abordé plus ouvertement que jamais en fin d’album (Find Ya Self, Natural Melanin Being, Jus There)."
< lire la suite >
(Rabbit)
4. Rosetta - The Anaesthete
Alors bien sûr, on dira certainement que rien ne change, que Rosetta continue à creuser inlassablement le même sillon, celui d’un post-metal (ah, les étiquettes) initié par Neurosis ou Isis avant lui. Certes, rien ne change mais à bien y regarder, Isis n’est plus, Neurosis est ailleurs et qui peut se targuer d’encore éructer d’une si belle manière sur des entrelacs de guitare torturée le temps de longs morceaux sinueux si ce n’est Rosetta lui-même ? D’autant plus que quelques petits changements viennent émailler la formule développée depuis quatre albums : une voix plus en avant, des riffs plus méchants et une écriture globalement plus sombre culminant sur Shugyo/Austerity le bien nommé qui clôture parfaitement The Anaesthete. Tout pareil mais pas tout à fait, c’est bien là la gageure d’un groupe qui ne cesse d’affiner sa musique depuis ses débuts pour finir par ne ressembler qu’à lui-même. Une petite boule de spleen non exempte de maladresses (la voix claire et le piano d’Hodoku/Compassion qui voit Rosetta oublier sa finesse pour chausser les gros sabots de la tristesse surjouée), ce qui la rend très touchante. Certainement pas un chef-d’œuvre mais un très bon disque assurément. Encore un.
(leoluce)
5. Austin Lucas - Stay Reckless
"Camarade de jeu de longue date de Chuck Ragan, Austin Lucas a cultivé pendant longtemps une musique folk punk épurée et profondément chargée émotionnellement. Produit par Mark Nevers, connu pour ses travaux avec Caitlin Rose, Lambchop ou Bonnie ‘Prince’ Billy et engendré dans la douleur des aléas de la vie, l’album se veut plus « roots » que ses prédécesseurs. Et s’il a conservé tout le charme poétique typique de l’artiste il est également plus introspectif.
Loin des mélodies désespérées et des orchestrations épurées des débuts, Stay Reckless est volontairement complexe, pudique et tout en retenue, ce qui n’est pas sans rappeler certaines galettes de Jason Isbell, Kevin Salem ou les premiers enregistrements de Josh Rouse. Sombre, grave et puissant, un magnifique bras d’honneur à l’adversité."
< lire la suite >
(nono)
5. Jel - Late Pass
Un peu à la façon de son compère Alias avec l’excellent Fever Dreams il y a deux ans, Jel dynamite son background abstract en furetant du côté de la beat scene californienne (fabuleux Look Up), juste retour des choses lorsque l’on sait tout ce que l’électronique et le hip-hop de la Bay Area et des voisins de LA doivent aux transgressions d’Anticon et de ses deux beatmakers phares en particulier.
Des accents bass music aux contours psyché donc, mais aussi des gimmicks mélodiques et une patte saturée reconnaissables entre mille (le dub narcotique du parfait Late Pass en ouverture flirtant presque avec Odd Nosdam), un retour au micro mode spoken word classieux pour notre as de la MPC et pas mal d’influences old school, ce premier LP depuis Soft Money en 2006 étant fort justement envisagé par l’homme de l’ombre de Subtle, Themselves et 13&God comme une rencontre anachronique entre l’hypnotisme mystique de Can, le post-modernisme de Beck et les fulgurances noisy du Bomb Squad de Public Enemy sur fond de boom bap sinueux.
(Rabbit)
Les Choix de la rédaction
John Trent :
1. Porcelain Raft - Permanent Signal
2. Julianna Barnwick - Nepenthe
3. Julia Holter - Loud City Songs
4. Ulver - Messe I.X-VI.X
leoluce :
1. Ras G & The Afrikan Space Program - Back To The Planet
2. Cyrod Iceberg - Echo
3. Acid Mothers Temple & The Cosmic Inferno - Doobie Wonderland
4. Rosetta - The Anaesthete
nono :
1. Austin Lucas - Stay Reckless
2. Rosetta - The Anaesthete
3. Horseback - A Plague Of Knowing
4. Superchunk - I Hate Music
Rabbit :
1. Ulver - Messe I.X-VI.X
2. Transistor - The Din Of Eons
3. Nadja & Vampillia - The Perfect World
4. Ben Frost - Black Marrow
Riton :
1. Destruction Unit - Deep Trip
2. Ras G & The Afrikan Space Program - Back On The Planet
3. Dead In The Dirt - The Blind Hole
4. Pop. 1280 - Imps Of Perversion
Spoutnik :
1. Earl Sweatshirt - Doris
2. Jeremiah Jae - Bad Jokes
3. Jonwayne - Cassette 3
4. Spark Master Tape - The SWOUP Serengeti
Jel sur IRM - Myspace
Ras_G sur IRM
Rosetta sur IRM
Austin Lucas sur IRM
Ill Clinton sur IRM - Bandcamp
Ulver sur IRM
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Akira Kosemura & Lawrence English - Selene
- Tomoyoshi Date & Bill Seaman - Duet
- Sanger and Sanger - Exotopia
- One Far West - Heliacal Risings
- Feeling Flying - Spirit Level
- Glacis - This Darkness From Which We Cannot Run
- Glåsbird - Fenscapes
- EUS & How To Disappear Completely - Remaining Light
- Roger Robinson - Heavy Vibes
- John Thomas Remington - Pavements EP
- The Sombre - Like a dream without light
- Masayoshi Fujita - Migratory
- 2024 à la loupe (par Rabbit) - 24 chansons
- EUS & How To Disappear Completely - Remaining Light
- Godflesh - A World Lit Only By Dub