Top albums - juillet 2013

Survivants de l’écrémage de juillet, les rats de laboratoire du Forum Indie Rock ont préféré les méandres des paysages mentaux au brouhaha des plages bondées. Au lieu de s’aérer le cerveau en sirotant les pieds dans l’eau sur fond de tubes vite oubliés, voilà nos inscrits aux manettes de ce premier bilan d’été pour un antidote aux clichés du farniente musical et de l’autoradio. Si les têtes chercheuses des labels indé respectaient le calendrier des majors ça se saurait, en témoigne cette sélection particulièrement aventureuse qui prouve une fois de plus que les plaisirs estivaux ne sont pas tous inconséquents.


Les Résultats


1. True Widow - Circumambulation

Grand retour pour notre trio texan avec un album aux influences post-punk enfin parfaitement assumées et une signature sur le mythique label Relapse.
Dans un style authentique et inclassable, Circumambulation expire un vent chargé qui vous glace l’échine et plombe toute velléité de profiter des chaleurs estivales en vous entraînant à l’ombre d’un authentique hymne à la solitude.
Les rythmiques chamaniques, les mélodies austères et interminables font de cet album un objet moite et vaporeux et hissent True Widow au rang de groupe incontournable et singulier.


(nono)


2. Black Swan - Redemption

"Tout comme avec Aeterna ou Heaven, ses deux fabuleuses livraisons de l’an dernier, le New-Yorkais sait ménager ses effets sur ce Redemption dont la langueur cosmogonique distille avec parcimonie les épiphanies stellaires, alignant les astres dans ses plus beaux moments comme autant d’échelons radiants vers l’au-delà et ses promesses de salvation, promontoires de lumière léchés par les charbons ardents de la damnation (Inferno).
Et comme avec Aeterna qu’écrasaient les 23 minutes du bien-nommé Dying God, c’est dans les derniers instants d’ascension que s’embrase en douceur ce souffle rédempteur, le temps d’un Of Land And Water aux chœurs irréels."


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(Rabbit)


3. Bojanek - Constraints

"La musique de Grzegorz Bojanek continue son chemin vers l’épure avec ce nouvel opus rassemblant comme son nom le laisse imaginer des morceaux composés à partir de contraintes dictées par le collectif Disquiet Junto, l’occasion d’explorer tour à tour la synesthésie en associant couleurs et matériaux sonores, l’utilisation d’un nombre limité de sons ou d’une image comme partition imaginaire, les dégradations analogiques d’un seul et unique instrument comme source d’enregistrement, le potentiel musical de l’eau, du silence apparent de la campagne, etc.
Proprement agencés et mastérisés, les morceaux qui résultent de cette série de concepts transcendent pourtant l’exercice de style, formant un tout cohérent où field recordings loopés, artefacts acoustiques délicatement malmenés sur bande, sons concrets échantillonnés puis recomposés via Ableton, affleurements noisy ou saturés et guitare décharnée aux imperfections apparentes interagissent à la croisée de la mystique naturaliste et du rêve éveillé."


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(Rabbit)


3. Sturqen - Neophobia

"Deux ans après avoir participé à la meilleure cuvée du label ukrainien avec le gargantuesque Praga qu’avait suivi l’an dernier l’autoproduit Raia plus économe en beats mais finalement plus étouffant encore avec ses nuées abrasives et soufrées, le duo de Porto admet sa phobie des expériences nouvelles et reprend la pelle hydraulique pour creuser à même la roche son sillon harsh techno.
Polyrythmies fuligineuses, stridences saturées et autres modulations caustiques président ainsi aux implacables rouleaux-compresseurs de ce Neophobia résolument crépusculaire et oppressant, petit chef-d’œuvre à la fois massif et mouvant dont la mécanique minimale, plus ou moins fébrile ou insidieuse, évoque dans ses meilleurs moments les grandes heures de feu Pan Sonic."

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(Rabbit)


5. Defeater - Letters Home

Dès le morceau d’ouverture le quintette du Massachussetts annonce la couleur : à l’heure où la scène screamo/hardcore se reconvertit au black metal (pas forcément pour le meilleur), Defeater reste droit dans sa hargne.
Le groupe cultive depuis toujours un hardcore très particulier à la fois intense, mélancolique et engagé. Ainsi, Letters Home enchaine riffs exaspérés, breaks affligés et vocalises viscérales pour un album authentique et tout en nuances.
N’en déplaise à certains le hardcore peut, en effet, être introspectif, désarmant et chargé d’émotion.


(nono)


6. Owen - L’Ami du Peuple

S’il divisera forcément les amateurs des jams hypnotiques et noisy des très bons Joan Of Arc que le Chicagoan a récemment quittés ou de l’emo rugueux de Cap’n Jazz également formé en compagnie de son frère Tim, ce nouvel album d’Owen reste fidèle à la ligne folky et maximaliste des précédents opus du projet solo de Mike Kinsella, songwriting poignant et crescendos lyriques des arrangements avec cette fois un contraste inédit entre la délicatesse des mélodies et certaines embardées rythmiques flirtant presque avec le post-rock (I Got High, Blues To Back).
Résultat, un disque en montagnes-russes aussi fébrile que touchant qui pourrait bien rallier un plus large public à l’Américain avec ses incursions ferventes et oniriques à la Mercury Rev (The Burial, Who Cares ?).


(Rabbit)


7. K11 - Another Temple To The Great Beast 666

"Mystique et insidieux, cet hommage drone-doom aux rituels occultes d’Aleister Crowley dont l’Italien Pietro Riparbelli prétend avoir convoqué l’esprit lors d’une séance de "transcommunication instrumentale" au Temple de Diane à Cefalù (Sicile) tente d’en retranscrire la présence en manipulant ces radios à ondes courtes utilisées pour prendre contact avec l’au-delà et accessoirement façonner des drones malsains à vous hérisser les poils des mollets.
Ici le mage et philosophe anglais n’est plus une simple icône de la contre-culture mais une véritable figure tutélaire, qu’il s’agisse de son système ésotérique et religieux (la Thelema) donnant leurs noms à trois des 5 morceaux-fleuves de ce temple musical à la gloire de Therion ou simplement de l’atmosphère de spiritualité déliquescente et pervertie qui s’en dégage lorsque la menace surgit en rase campagne, engloutissant le bruissement des feuilles et les gazouillis des oiseaux sous son voile de drones funestes, de sursaturations vociférantes et de modulations rampantes."

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(Rabbit)


7. John Lemke - People Do

Transfuge des bandes-son de docus pour la BBC, John Lemke se montre particulièrement élégant sur ce premier LP dont la sensibilité pop étonne pour un album instrumental sorti qui plus est chez Denovali.
Si l’on ne sait pas précisément ce que le Berlinois, Écossais d’adoption, a rapporté d’Allemagne, de Finlande ou d’Espagne où l’a mené sa quête d’enregistrements de terrain, Bristol lui a assurément légué l’esprit d’un certain trip-hop en clair-obscur, aussi accrocheur dans son assise rythmique qu’aventureux dans ses structures et mélancoliques dans ses mélodies et ses arrangements, empruntant au jazz ou à la chamber pop entre deux songeries classical ambient (les minimalistes et brumeux Dorothea I et II).


(Rabbit)


Les Choix de la rédaction


- Leoluce :

1. Submerged - Ghost Dope
2. Burning Tree - Lammergyer
3. K11 - Another Temple To The Great Beast 666
4. True Widow - Circumambulation
5. John Lemke - People Do

- Rabbit :

1. Black Swan - Redemption
2. Bojanek - Constraints
3. Boomruin - Monochrome
4. Andere - Waking Life
5. Sturqen - Neophobia

- Riton :

1. The Afternoon Exchange - s/t
2. Foie Gras - Innermost Shrine, Heavily Gilded
3. Gimu - Can’t Remember When I Started To Forget
4. Ambot - A
5. True Widow - Circumbulation


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