Après un premier album remarqué qui contenait son lot de bons titres dont le passionné Lavinia, les anglais de The Veils reviennent avec Nux Vomica dans lequel les influences américaines déjà aperçues sur The runaway found sont encore plus évidentes. Cela donne lieu à quelques jolies réussites intransigeantes telles Not yet, Jesus for the jugular ou le rugissant et insidieux Nux vomica. Ces titres qui ne doivent pas grand chose aux origines britanniques du groupe s’inscrivent bien davantage dans la mouvance blues-rock actuelle des Two Gallants, Black Keys voire Tom Waits pour le rythme concassé de Jesus for the jugular. A une ou deux nuances près : la voix de Finn Andrews, jeune leader du groupe, qui apporte un lyrisme rageur à l’ensemble (tant qu’il prend garde de ne pas se perdre en trémolos exagérés) et une production qu’on aurait préférée à l’image des groupes sus-cités, plus rèche et tendue, les guitares ayant ici une fâcheuse tendance à faire du "gras".
Lorsqu’il arrive au groupe de débrancher les guitares, cela peut donner le très beau et plein de recueillement Under the folding branches ou l’agréable House were we all live. Le chant de leur leader cesse alors de cracher son venin pour se faire vibrant et émouvant.

Malheureusement, on est bien moins séduit par la facette pop et guillerette de cet album. Si on se laisse, un peu contre notre volonté, séduire à l’écoute des entrainants Advice for young mothers to be et Calliope !, on n’en dira pas autant de Birthday present et sa grossière intro au clavier qui lorgne sans vergogne vers une ballade pop/rock FM indésirable. On a souvent loué la maturité musicale de Finn Andrew, pour le coup on en viendrait presque à le traiter de vieux machin...