Scruté par l’étrange œil machinique de sa pochette aux faux-airs prog et attendu au tournant par un Holdin’ On To Black Metal au titre évocateur de mille transgressions kitsch, on ne savait pas vraiment quoi attendre de ce Circuital.

La faute peut-être au malentendu qui accompagna la sortie d’ Evil Urges en 2008, cinquième opus de My Morning Jacket dont les quelques digressions transpirant un peu trop ouvertement l’amour pour la funk d’un Jim James croisé depuis chez les Roots avaient bizarrement réussi à occulter les talents de mélodiste et d’arrangeur du bonhomme, tout aussi à l’aise pourtant dans cette veine plus pop et urbaine, certes, mais finalement non moins épique, psyché et métissée que celle du cultissime Z.

Quoi qu’il en soit, passé depuis par un EP de reprises de George Harrison, une participation remarquée au grandiloquent The Hazards Of Love des Decemberists dont on retrouve ici Tucker Martine à la production et le premier album largement médiatisé de ses Monsters Of Folk, l’Américain a su tirer le meilleur de ces diverses influences avec ce Circuital enregistré quasiment live dans une vieille église de son fief de Louisville : un album tour à tour groovy et countrysant, rêveur et acéré, hymnique et intimiste, catchy et baladeur, épuré et foisonnant mais toujours follement classe et maîtrisé au point que l’on pourrait bien y entendre le groupe à son sommet... et pas plus loin d’ailleurs que sur ce fameux Holdin’ On To Black Metal qui prend nos craintes à contre-pied avec son riff bluesy, ses harmonies rétro et ses cuivres façon James Bond.

A découvrir via NPR jusqu’à sa sortie officielle le 31 mai.