Après nous avoir électrifiés à coups de beats bulldozer, de samples vocaux distordus et de wobbles tranchants comme des rasoirs entre deux envolées plus mélancoliques via son efficace Head With Wings de décembre dernier survolé par le dantesque Can’t Give You Any, Bud Berning remet le couvert et continue ce creuser la veine de cette bass music tout à la fois dense et minimaliste qu’il abordait déjà en 2008 dans le cadre des soirées organisées à LA par Stones Throw ou Low End Theory avec cette gargantuesque mixtape rassemblant instrus inédits, versions alternatives de titres de l’album sus-nommé et remixes de productions pour Sole, entre autres réjouissances à mi-chemin du club banger crépusculaire et de l’abstract cinématique.

Disons-le d’emblée, épique par moments comme du Thavius Beck mais parfois un brin racoleur et épuisant sur la durée, The Tower vaut autant pour son concept que pour sa musique en elle-même : la mixtape s’accompagne en effet en téléchargement à prix libre du modèle de configuration du logiciel Ableton Live utilisé pour jouer ces morceaux, taillés pour être modulés voire remodelés à volonté sur scène en réaction aux sets électroniques statiques de certains beatmakers qui se contentent d’appuyer sur un bouton de temps en temps pour lancer leurs sons préenregistrés.

Forcément, on est loin des instrus aux confins du hip-hop, du dub et du post-rock que le Floridien d’origine soumettait aux arrangements élégiaques et tourbillonnants de William Ryan Fritch et à la batterie martiale de John Wagner, mais cette mixtape purement électronique n’en possède pas moins ses moments de grâce, comme ce remix crunchy de Battlefields d’où affleure le chant poétique de Markus Acher, non plus invité du morceau comme sur l’original extrait de Plastique mais samplé de ses Notwist circa Neon Golden, une version d’Assad Is Dead nettement plus explosive et fulgurante que celle présente sur le dernier album de Sole, What We Do qui sample et maltraite avec volupté la voix de Cat Power au sein d’un morceau tout en contrastes, en encore les 8 minutes éthérées du Challenger final issu de ce bel EP :